Des clés pour comprendre l’actualité du Moyen-Orient
Éditorial

À notre époque, qui se dit en latin Nostra Ætate

Marie-Armelle Beaulieu
14 novembre 2025
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Àma grande honte, il me faut avouer qu’en 2015, la revue n’a pas célébré les 50 ans de la Déclaration conciliaire Nostra Ætate. Je ne sais pas comment, comme rédactrice en chef, j’ai pu laisser passer cela.
C’est peut-être qu’en 2015, de nombreux paramètres rendaient plus difficile le dialogue au Proche-Orient. S’agissant de l’islam, à nos portes, le radicalisme de Daesh en avait ébranlé les acteurs. En Israël et Palestine, l’effervescence des accords d’Oslo n’était déjà plus qu’un souvenir et les tensions avec la droite israélienne et ses politiques se faisaient plus blessantes au moment de s’adresser aux juifs. Dix ans après, c’est encore pire.
Or, si l’on veut être fidèle à la déclaration conciliaire, il est important de penser le dialogue Nostra Ætate, à notre époque, en 2025.
Plutôt que célébrer un évènement d’il y a 60 ans, il s’agit de poursuivre le dialogue en mettant à jour nos tablettes. Le peuple juif n’est plus le petit reste meurtri, sorti 15 ans plus tôt des camps de concentration. Il a un État, il a reconstitué ses forces et, meurtri de nouveau par les crimes du 7-Octobre, la puissance de ses représailles met au défi son dialogue avec le reste du monde.

Nous avons essayé de le regarder avec lucidité
mais aussi avec l’espérance de ceux qui ne renoncent pas.

L’islam, lui, a grandi en nombre dans les pays d’Europe qui l’ont accueilli, jusqu’à les épouvanter. Au Moyen-Orient et en Asie centrale, il a laissé se développer des théologies dont émanent des politiques meurtrières.
L’un dans l’autre, le dialogue s’érode. Il n’en est pas moins nécessaire. Nous avons essayé de le regarder avec lucidité mais aussi avec l’espérance de ceux qui ne renoncent pas.
Ne pas renoncer, c’est ce que nous disent aussi ces articles sur le trésor du Saint-Sépulcre. Conservé précieusement durant des siècles et destiné à être exposé au Terra Sancta Museum, il fait résonner aujourd’hui des sons qu’on croyait oubliés.
Ne pas renoncer encore, comme ces habitants de Bethléem qui ne se rappellent pas avoir connu de crise aussi difficile et longue.
Et quand tout est difficile, il faut rencontrer Avi Dabush, comme le lépreux de Burqin dont nous parle Claire Burkel, il est “revenu sur ses pas”, pour entendre chaque jour à sa façon “Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé.”
Au moment où je termine ce texte, un cessez-le-feu fragile tient à Gaza, les 20 otages israéliens vivants ont été libérés, des prisonniers palestiniens sont sortis de prison. Ce n’est pas encore la paix, mais comme cela fait du bien. Reprenons de plus belle le dialogue, nostra ætate.

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