Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Filles d’une Terre de sainteté

David Grenier, ofm
19 juillet 2015
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

Quel émoi sur la place Saint-Pierre. Deux nouvelles saintes d’ici, sainte Marie-Alphonsine et sainte Marie-de-Jésus-Crucifié, canonisées par le pape François.


Ce ne sont certes pas les premières personnes originaires de la Terre Sainte à se voir élevées à l’honneur des autels. Toutes nos solennités, en fait, célèbrent des gens d’ici : la Vierge Marie, qui vécut à Nazareth, saint Joseph, son époux, saint Jean-Baptiste, né à Aïn Karem, puis saint Pierre, originaire des bords du lac de Tibériade.

Même saint Paul, né à Tarse, aujourd’hui en Turquie, fut élevé à Jérusalem, selon ce qu’il dit lui-même en Ac 22, 3. Puis, Notre Seigneur, s’il possède des origines beaucoup plus reculées dans le temps et l’espace, venu de Dieu et engendré avant tous les siècles, se fit connaître à nous en parcourant les routes de Judée et de Galilée.

Lire aussi >> Deux saintes palestiniennes pour aujourd’hui

À ceux-ci s’ajoutent les apôtres, saint Marc l’évangéliste, de nombreux martyrs des premiers siècles, dont saint Justin originaire de Naplouse, saint Georges, et plusieurs Pères de l’Église.Il peut nous arriver de penser à eux comme s’il s’agissait de personnages de roman ou d’une belle histoire qu’on nous a racontée. On en oublie presque parfois qu’ils ont bel et bien, eux aussi, habité cette terre de la même manière que le feront, des siècles plus tard, Marie Alphonsine et Mariam Baouardy.

Pourquoi alors toute cette émotion pour la canonisation de deux filles du pays si cette terre fut déjà à ce point honorée en sainteté ? Pourquoi les chrétiens de la Terre Sainte se sentent-ils plus proches d’elles que de tous ces piliers de la foi ?

Savoir laisser de la place à Dieu

Tout simplement parce qu’on y reconnaît un exemple à suivre. Des jeunes filles ayant grandi ici dans un contexte pas si différent de celui d’aujourd’hui, dans une époque encore bien récente. Des femmes somme toute assez simples, auxquelles on peut s’identifier, devant lesquelles on a envie de se dire : “Ç’aurait pu être moi”.

Ces saintes nous apprennent que le chemin de la sainteté n’est pas si compliqué en réalité (c’est tout simplement nous qui sommes doués pour compliquer les choses). Dieu ne nous demande pas de faire de grandes choses pour être saints ; il nous demande de le laisser faire en nous de grandes choses.

Tous les saints, tels Marie-Alphonsine et Marie-de-Jésus-Crucifié, ont ceci en commun qu’ils ont su laisser de la place à Dieu, dans leur vie, dans leur journée, dans leur manière de penser, de réfléchir et d’agir. Ils ont laissé Dieu prendre place dans leur âme pour la façonner et l’habiter. Ils ont accepté, comme Jean le Baptiste, de diminuer afin que Jésus grandisse en eux. Par la suite, Dieu comble, de façon toujours extraordinaire, aux yeux des hommes.

Bien sûr, la voie de la sainteté comporte aussi épreuves et abnégation, mais affrontées toujours avec Dieu, ce qui fait toute la différence.

Elles font partie de la famille

Nous avons donc deux nouvelles saintes qui, s’étant abaissées devant Dieu, furent élevées par lui aux plus grands honneurs. Il reste qu’au-delà de tout cela, au-delà de l’exemple à suivre et de l’honneur rendu à celles qui l’ont bien mérité, comme en ce qui concerne Dieu, ce qui compte le plus, demeure la relation.

Être en communion avec Dieu, c’est être en relation avec lui. Il doit en être de même pour les saints. On entend régulièrement les protestants critiquer le culte des saints justement parce qu’ils ne perçoivent pas cette dimension. S’il est vrai que souvent on prie les saints pour en obtenir des faveurs, limiter les saints à leur pouvoir d’intercession est pour le moins réducteur.

Lire aussi >> Twal: «Les deux nouvelles saintes Palestiniennes nous appellent à la sainteté»

Il est possible que les plus âgés de la Terre Sainte aient rencontré Mère Marie-Alphonsine de son vivant. Quant à Mariam Baouardy, on l’appelle communément avec affection la “petite arabe”. On pourrait dire en quelque sorte que, pour les gens d’ici, elles font partie de la famille.

N’est-ce pas d’ailleurs le cas de tous les saints ? Prier un saint revient à entrer en relation avec quelqu’un de bien vivant, enfant d’un même Père. C’est aussi déjà tisser des liens aux dimensions d’infini, bien conscient que cette personne à qui l’on parle, qui nous répond à sa manière et qui interagit avec nous, en Dieu, dans une relation d’amour toute fraternelle, sera avec nous pour l’éternité. τ

Dernière mise à jour: 19/11/2023 21:53

Sur le même sujet