Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

En passant par l’esplanade des mosquées (3e partie)

M.-A. Christien et M.-A. Beaulieu
3 décembre 2017
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En passant par l’esplanade des mosquées (3e partie)
Les "balances" de l'esplanade des mosquées ©Zack Wajsgras/Flash90

C’est la 3e promenade sur l’esplanade à la découverte de ses monuments. Dans le prochain numéro de janvier-février 2018,
nous entrerons dans les mosquées restaurées et fermées aux non-musulmans depuis l’an 2000.


Al-Mawazin, les balances

La plateforme sur laquelle trône le dôme du Rocher est accessible par des escaliers de tailles différentes. Au sommet de chacun on trouve une colonnade comme les escaliers au nombre de huit. Elles portent en arabe le nom de “balances”.

Selon la tradition, au jour du jugement, c’est sur des balances placées là que seront jugés les actes et les péchés du peuple. Ces colonnades servent aussi à marquer le passage du profane en bas, au sacré en haut.  Certaines de ces colonnades sont plus richement décorées que d’autres.

La fontaine de Quayt Bay (Sabil Quaytbay)

La fontaine de Quayt Bay (Sabil Quaytbay) ©Godot13

La fontaine de Quayt bay, pour les ablutions, est un des bâtiments les plus remarquables sur l’esplanade. C’est une des cinq fontaines publique (sabîl) de l’esplanade. Mesurant 13 mètres, la fontaine se compose d’une base, surmontée d’une structure transitoire, elle-même dotée d’un dôme. La porte, étonnement, est excentrée. Il fallait pouvoir creuser le conduit du puits au centre de la fontaine.

L’eau était extraite du puits, et conduite jusqu’aux réservoirs sous les fenêtres. Sur le rebord des fenêtres sont encore visibles des trous creusés ou étaient placées les tasses pour les ablutions.

Sur les quatre faces de la base, des inscriptions en arabe expliquent l’histoire du bâtiment. D’abord construite en 1455 par le sultan mamelouk al-Ashraf Sayf ad-Din Enal, la fontaine est reconstruite en 1482 par le sultan Quaytbay auquel elle doit son nom. Elle subit de légères altérations ainsi qu’une restauration par le sultan ottoman au pouvoir en 1883. La fontaine visible aujourd’hui est toujours la version de Quaytbay.

Les artisans égyptiens et circassiens qui y travaillèrent étaient sous la direction d’un architecte chrétien renommé. Spécialistes de l’architecture funéraire, ces artisans lui donnèrent le faste réservé aux tombeaux. Le relief de décoration n’existe nulle part ailleurs qu’au Caire, point central du sultanat mamelouke. Enfin, pour les plus observateurs, le croissant qui surmonte le dôme, est le seul de l’esplanade à être orienté d’est en ouest. Pourquoi ? Le mystère demeure.

Lire aussi >> En passant par l’esplanade (1re partie)

Qubba al-Khader, le dôme du Verdoyant

Qubba al-Khader, le dôme du Verdoyant ©Godot13

Al-Khader, le Verdoyant, à qui le dôme est consacré, est une figure importante dans la tradition islamique, principalement dans le contexte de Jérusalem et du Haram. Al-Khader, qui est identifié tantôt au prophète Elie tantôt à saint Georges, est mentionné dans le Coran comme le compagnon de Moïse.

Saint Georges particulièrement vénéré par les musulmans de Palestine est un saint protecteur. Selon la tradition, il vivait à Jérusalem et se rendait souvent prier sur le Haram al-Sharif.

Le dôme lui-même, est très élégant. Il est porté par six arcs ouverts portés par six colonnes hautes et élancées. La direction de la prière, la qibla, est marquée par un pavage de marbre en forme d’arc de cercle sur le sol. La date de sa construction n’est pas clairement déterminée. Une plaque indique toutefois qu’il daterait du XVIe siècle.

Dernière mise à jour: 29/01/2024 16:41

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