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Catastrophe naturelle : le Liban vert sous la cendre grise

Christophe Lafontaine
16 octobre 2019
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Catastrophe naturelle : le Liban vert sous la cendre grise
© Compte Twitter de la ministre libanaise de l’Intérieur, Raya Haffar El Hassan

Une vague d'incendies a ravagé lundi et mardi plusieurs régions du Liban. La majorité des incendies est maîtrisée mais les dégâts s’annoncent extrêmement importants. Les autorités libanaises ont de leur côté fait appel à une aide extérieure.


Le 13 octobre a été décrétée en 1989 par l’Onu « Journée internationale de la réduction des risques de catastrophe ». Le malheureux hasard a voulu, qu’au lendemain du trentième anniversaire de cette date, le 14 octobre donc, le pays des cèdres soit touché par de violents incendies – « les pires que le Liban ait connus depuis 2007 », d’après L’Orient-Le Jour.

Plusieurs régions, depuis le Chouf (région montagneuse au sud-est de Beyrouth et une des zones les plus boisées du pays) jusqu’au Akkar (les montagnes du nord du pays), ont été ces 48 dernières heures en proie aux flammes de plus de 100 incendies selon l’Agence nationale d’information (Ani), citant le directeur de la Défense civile. Un drame amplifié par une forte vague de chaleur accompagnée de rafales de vent, qui tournaient et rendaient difficile la maîtrise des feux.

D’après L’Orient-Le Jour, dans plusieurs coins du pays, notamment dans la zone de Mechref et Debbiyé sur le littoral du Chouf, à Denniyé au Liban-Nord, et à Kornet el-Hamra dans le Metn (au centre du pays), les incendies ont touché des zones d’habitation et provoqué l’évacuation de nombreuses personnes, la fermeture d’écoles et d’universités, tout en dévorant de leurs flammes maisons, commerces, voitures, espaces verts, lignes de haute tension et infrastructures téléphoniques. De nombreux cas d’asphyxie et d’évanouissement ont été recensés et un homme, qui s’était battu contre le feu, est mort. Dans certains secteurs, les incendies ont également déclenché l’explosion de mines remontant à la période de la guerre civile (1975-1990).

Quel bilan ?

« Les surfaces réduites en cendres sont immenses, rapporte le quotidien libanais, mais il n’est pas possible de donner une estimation, même approximative, de l’ampleur du désastre écologique qui frappe le Liban dont les forêts ne couvrent plus que 13% du territoire, selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture pour 2012-2013. »

A cause des incendies de forêt, le Liban a déjà vu en 2019 trois millions d’arbres partir en fumée, rappelle Aljazeera. Ce qui équivaut à tous les arbres plantés dans le cadre d’initiatives de reboisement au cours des 15 dernières années, soit 1300 hectares, a expliqué à la chaîne de télévision qatarie George Mitri, directeur du programme sur les terres et les ressources naturelles à l’Université de Balamand, qui se trouve près de la ville de Tripoli, dans le nord du Liban. Pour George Mitri, il y aurait au moins 1200 hectares supplémentaires qui auraient brûlé depuis lundi. « C’est absolument catastrophique pour notre biodiversité nationale ». Dès mardi 15 octobre, le Premier ministre avait appelé à l’aide « plusieurs pays pour l’envoi d’hélicoptères et d’avions ». Des Canadairs, des hélicoptères bombardiers d’eau, chypriotes, grecs et jordaniens sont venus en renfort. Et en fin de journée mardi, la première pluie de saison est tombée. Ce matin, le directeur de la Défense civile déclarait à la chaîne de télévision locale LBCl que la situation était « sous contrôle »

Un arbre sera planté pour chaque élève libanais

Face à ce « désastre naturel causé par les incendies », le ministre de l’Education Akram Chehayeb a annoncé via twitter mercredi matin un projet de reboisement intitulé « un arbre sera planté pour chaque élève libanais » qui vise à « sensibiliser les jeunes à l’importance de la protection des forêts et à compenser ce qui a été perdu lors de cette catastrophe écologique ».

Il n’est pas rare que des incendies à cette période de l’année se déclarent, en raison de la sécheresse et des vents chauds, et de plus en plus avec le réchauffement climatique. Cependant, la multiplication des départs de feu dans un temps très court et pour certains en plein cœur de la nuit a étonné pour ne pas dire mis mal à l’aise les autorités qui ont laissé entendre que certains sinistres seraient d’origine criminelle. Le Premier ministre Saad Hariri a annoncé qu’une enquête allait s’ouvrir à ce sujet.

En Syrie, d’autres grands incendies se sont également déclarés, notamment dans les provinces de Tartous à l’ouest du pays, sur la côte méditerranéenne (où une centaine de foyers d’incendie ont été repérés) et de Lattaquié (ouest) ainsi qu’à Homs (au centre du pays). Deux personnes sont décédées. L’agence Sana a rapporté que tous les incendies ont été maîtrisés et éteints par les pompiers.

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