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Les commissaires de Terre Sainte, 600 ans pour la Custodie

13 février 2021
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Les commissaires de Terre Sainte, 600 ans pour la Custodie
Les Commissaires de Terre Sainte en prière à Jérusalem lors d'une de leurs rencontres internationales (Photo M. Mezzera/CTS).

Collaborateurs précieux pour la communauté franciscaine du Moyen-Orient, les commissaires servent de pont entre les catholiques de leurs pays et l'Église mère de Jérusalem. Le pape François leur a écrit.


(E.R./G.V.) – Dimanche 14 février, la Custodie de Terre Sainte souhaite marquer le sixième centenaire du service infatigable rendu par les Commissaires de Terre Sainte. Leur création remonte aux dispositions contenues dans la bulle du pape Martin V His quae pro ecclesiasticarum, datée du 14 février 1421.

Par ce document, le Pape, qui a gouverné l’Église catholique de 1417 à 1431, a autorisé le Gardien du Mont Sion et Custode de Terre Sainte à nommer des procureurs dans les nations chrétiennes qui solliciteraient « la pieuse générosité des fidèles ».

La décision du pape Martin V s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. En 1342, le pape Clément VI avait émis la bulle Gratias agimus, qui est pratiquement l’ « acte de naissance » de la Custodie de Terre Sainte. Le document approuvait et encourageait la présence franciscaine, déjà en place, au Saint-Sépulcre et au Cénacle. La bulle prenait également en considération les besoins humains et matériels des frères, pris en charge par le roi Robert d’Anjou et la reine Sanche d’Aragon. La vie des religieux dans les lieux saints – sous domination ottomane après la fin du royaume des Croisés en 1291 – n’a été rendue possible que par la générosité des deux têtes couronnées. Ainsi, pendant des siècles, les franciscains resteront et constitueront la seule communauté catholique latine reconnue par les autorités locales, ainsi qu’un lien entre le Saint-Siège et les Églises orientales et un intermédiaire important entre les puissances européennes et les autorités musulmanes.

Travaux de groupes lors d’une conférence internationale des commissaires à Jérusalem. (Photo M.a.b./CTS)

À partir du XIVe siècle, les chroniques des frères témoignent de leurs relations privilégiées avec les familles nobles qui venaient en pèlerinage à Jérusalem. Des relations ont également été tissées avec de riches marchands qui traversaient la Méditerranée entre la République de Venise et le port de Jaffa. C’est ainsi que les frères ont été introduits dans les tribunaux napolitains, vénitiens, milanais, anglais et français pour plaider la cause des Lieux Saints. Sachant bien qu’ils ne pouvaient pas être à la fois en Europe et en Terre Sainte, les missionnaires franciscains ont confié à des laïcs la tâche de gérer les aumônes qui leur étaient destinées. Pour la première fois, le terme de « procurateur » de Terre Sainte a été utilisé. Le premier laïc mentionné en 1392 est le marchand Ruggero Contarini, d’abord assisté par son frère, puis par son neveu. Contarini a été nommé « procureur pour le territoire de la Sérénissime République de Venise ».

Dans l’Ordre franciscain, au demeurant, une réflexion permanente était en cours avec des perspectives différentes (chez les Spirituels, les Conventuels, les Observants…) au sujet de l’interprétation de la pauvreté et de l’aumône telle que la prévoit la Règle conçue par saint François. C’est précisément cet état de réflexion permanente qui a poussé le pape Martin V à donner des précisions, dans une autre bulle – le Studium Salutare, également de 1421 – concernant les « Procurateurs ou Commissaires » de Terre Sainte : « Nous décidons que les Constitutions, les ordonnances apostoliques, les statuts, les coutumes de leur Ordre, ainsi que tout serment ou confirmation apostolique, ne seront pas un obstacle ».

Un engagement multiforme

L’appellation « Commissaire » semble être empruntée à la terminologie juridique vénitienne : dans ce contexte, « commissaire » signifiait « responsable » ou « conservateur général » des intérêts d’une personne ou d’une institution.

Au fil des siècles, les laïcs ont été progressivement remplacés par des frères, et aujourd’hui tous les commissaires de Terre Sainte sont des religieux, nommés par leur supérieur territorial en concertation avec le Custode de Terre Sainte. Grâce à eux, les communautés catholiques de diverses parties du monde peuvent être concrètement solidaires de l’Église mère de Jérusalem. Une mission reconfirmée au fil des siècles par de nombreux papes, jusqu’à aujourd’hui avec le pape François. Les commissaires ont également à cœur la promotion de la pastorale des Lieux Saints qui est menée à bien grâce à l’organisation de pèlerinages, de journées de prière, des conférences et des congrès.

L’occasion de dire merci

Afin de souligner l’importance du service des Commissaires de Terre Sainte, le père Custode, Francesco Patton, a demandé à tous les Commissaires d’organiser une célébration spéciale d’action de grâce et de prière pour les bienfaiteurs de la Custodie de Terre Sainte dans les jours suivant le 14 février. Un rendez-vous qui, désormais, reviendra chaque année : le 15 février. Frère Patton lui-même, à 6h30 lundi 15 février, célébrera à Jérusalem, au sanctuaire du Saint-Sépulcre, une messe d’action de grâce pour le Pape, pour les Commissaires et pour tous ceux qui soutiennent les besoins de la Custodie et des chrétiens de Terre Sainte.

Les Commissaires dans le monde

Combien y a-t-il de Commissaires de Terre Sainte dans le monde aujourd’hui ? Selon les données du bureau de coordination, basé à Jérusalem, on les trouve dans 60 pays. Il y a 67 antennes en tout, avec autant de Commissaires. Dans les contextes plus complexes du point de vue ecclésial, ou plus vastes en termes de territoire, on retrouve également la figure du frère vice-commissaire. Ils sont 40, mais d’autres religieux collaborent de diverses manières : au total, 107 franciscains participent aux travaux des Commissariats.

Si l’on regarde la répartition dans les différents continents, on découvre qu’en Europe, il y a 33 Commissariats dans 22 pays (cliquez ici pour la liste des Commissariats de Terre Sainte en Italie) ; en Amérique 25 (pour 21 pays) ; en Asie 5 (7) ; en Océanie (3) ; en Afrique 2 (7).

D’un point de vue chronologique, les Commissariats les plus anciens remontent au XVe siècle et ont été fondés en Italie, en Espagne et en France. Les plus récents sont deux Commissariats ouverts en 2020 en Inde et au Togo. L’ouverture du Commissariat à Poznan, en Pologne, remonte à l’année précédente.

Le pape François écrit au Custode de Terre Sainte

Le 2 février, le pape François a envoyé une lettre personnelle, écrite de sa propre main, au Custode de Terre Sainte à l’occasion du sixième centenaire des activités des Commissaires de Terre Sainte. Voici une photo de la lettre, suivie d’une transcription du texte :

Le Vatican, le 2 février 2021

R.P.

Francesco Patton, OFM

Custode de Terre Sainte

Cher Frère,

Le 14 février prochain marquera le 600e anniversaire de l’institution des Commissaires de Terre Sainte par le pape Martin V.

Après tous ces siècles, la mission des Commissaires est toujours d’actualité : soutenir, promouvoir et mettre en valeur la mission de la Custodie de Terre Sainte en rendant possible un réseau de relations ecclésiales, spirituelles et caritatives qui ont pour point commun la terre où Jésus a vécu.

Je soutiens et bénis ce précieux service et j’espère qu’il deviendra toujours plus une semence de fraternité.

Je vous bénis tous de tout mon cœur et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.

Francesco

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