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Sommet historique des chefs des Eglises de tradition syriaque

Christophe Lafontaine
19 décembre 2022
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Sommet historique des chefs des Eglises de tradition syriaque
Les chefs des Eglises de tradition syriaque réunis à Atchaneh (Liban) au siège du Patriarcat syriaque orthodoxe. Photo issue du compte Facebook de His Holiness Catholicos-Patriarch Mar Awa III

Le 16 décembre au Liban, les patriarches des Eglises orientales de tradition et de rite syriaques se sont réunis, eux qui ont si souvent été divisés dans le passé. Une première dans l’histoire, au nom de leur héritage commun.


Vendredi dernier a été l’occasion d’une très belle image d’unité dans la diversité et les difficultés. Ignace Ephrem II Karim, patriarche de l’Eglise syriaque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, a en effet ouvert le 16 septembre une rencontre officielle exceptionnelle, a rapporté Fides, entre les patriarches des Eglises chrétiennes partageant la même source linguistique, spirituelle et théologique syriaque.

« Nous sommes réunis aujourd’hui, a-t-il alors déclaré, pour témoigner ensemble dans ce monde plein de provocations, et nous demandons à Dieu de nous donner la force et l’amour pour décider ensemble de ce qui est le mieux pour les membres de nos Eglises, dans toutes les parties du monde ».

Et d’avoir ajouté : « ce que nous avons en commun,c’est beaucoup, même si, en raison de diverses contingences historiques, nous connaissons aujourd’hui encore des discordes dans la manière d’exprimer notre foi ». La rencontre, initiée par Ignace Ephrem II lui-même, a ainsi vu la participation du patriarche de l’Eglise syriaque catholique, Ignace Joseph III Younan, du patriarche de l’Eglise maronite le cardinal Bechara Raï, du catholicos-patriarche de l’Eglise assyrienne de l’Orient, Awa III.

Le patriarche de l’Eglise chaldéenne catholique Louis Raphaël Ier Sako n’a pas pu être présent et a suivi la réunion en distanciel. Il était représenté par l’Archevêque chaldéen de Mossoul.

L’héritage syriaque en commun …

Cette première rencontre inédite s’est tenue à la résidence Patriarcale syriaque orthodoxe de Atchaneh au Liban où ont été évoqués plusieurs « sujets d’intérêt commun » selon un communiqué final publié le même jour. Même si chacune des Eglises de tradition syriaque ont leur propres spécificités théologiques et doctrinales et qu’elles souhaitent les respecter, leurs patriarches ont salué « tous les efforts déployés » pour leurs ouvertures mutuelles et les efforts de « rapprochement et d’unité de foi » en particulier à travers aux divers comités de dialogues théologiques officiels entre les Eglises.

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Les patriarches syriaques orthodoxes et catholiques, maronites et chaldéens, se sont dits fiers de « leur héritage syriaque ancien, qui les unit et constitue un riche patrimoine historique sacré ». Et ils ont estimé la nécessité aujourd’hui de « renforcer le lien entre [leurs] Eglises et intensifier la coopération entre elles à différents niveaux, au service de [leurs] enfants spirituels partout, et les efforts pour diffuser [leur] héritage syriaque, le mettre en lumière et le conserver avec soin comme une perle précieuse et un dépôt sacré pour des générations ».

Pour ce faire, ils ont dit leur intention « de trouver des mécanismes communs pour l’enseignement de la langue syriaque (…) et de travailler à la diffuser et à l’approfondir avec les moyens traditionnels et modernes disponibles ». Cela devra passer selon eux par une « coopération académique », des « échanges d’expérience », la promotion des études syriaques dans les établissements universitaires ou encore des conférences de sensibilisation avec pour but que « les générations montantes [préservent] cet authentique patrimoine historique et [renforcent] leur appartenance à celui-ci ».

… face au défi des troubles au Moyen-Orient et à l’émigration

Un vrai défi selon les cinq patriarches, qui ne manquant pas de souligner l’«œcuménisme du sang » qui les unit, s’inquiètent pour la présence de leurs fidèles au Moyen-Orient. Dans ce contexte, ils ont « renouvelé [leur] ferme détermination à continuer [leur] soin paternel pour eux afin de les ancrer dans leurs patries, et de réduire l’hémorragie migratoire due aux conflits existants et aux conditions politiques, économiques, sociales et de vie difficiles ».

Parallèlement soucieux des fidèles qui ont dû émigrer, les prélats ont réaffirmé leur désir de leur « assurer un service spirituel et pastoral », de « les exhorter à adhérer à la foi de leurs pères et grands-pères » et de conserver « leur identité et leur héritage » dans les nouvelles sociétés dans lesquelles ils vivent.

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Sans compter qu’ils les encouragent à maintenir des liens réels avec leur pays d’origine : et ce, avec leur famille, à l’occasion de visites ou au travers d’aides. Autant de soutiens afin que les «Eglises puissent accomplir leur devoir pastoral dans divers domaines, notamment sanitaire, éducatif et social », signent les patriarches.

Dans sa prise parole,a fait savoir une communication Facebook d’Ignace Ephrem II, Awa III – le catholicos-patriarche de l’Eglise assyrienne de l’Orient -, s’est dit convaincu que « cette rencontre historique récoltera de grands fruits spirituels surtout au milieu des circonstances difficiles que tout le monde traverse ».De futures réunions sont prévues, a priori sur une base annuelle, comme l’indique le communiqué final de cette première rencontre à marquer d’une pierre blanche.

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