📺Nostra Aetate, 60 ans plus tard : l’héritage d’un dialogue judéo-chrétien
La déclaration Nostra Aetate traite de la relation de l’Église Catholique avec les religions non chrétiennes : le Judaïsme, l’Islam, le Bouddhisme, l’Hindouisme, et d’autres traditions religieuses.
P. David Neuhaus, sj – Institut Biblique Pontifical de JĂ©rusalem
Avant tout, nous célébrons les 60 ans de ce document qui a véritablement révolutionné la manière dont nous, catholiques, parlons des personnes de foi différente.
Je pense que le but de la vraie fraternité n’est pas de vous convertir à ma façon de penser, mais de cheminer ensemble, et une partie essentielle de ce voyage consiste à réparer le monde brisé dans lequel nous vivons.
Nostra Aetate – ce qui signifie « à notre époque » – demeure, aujourd’hui encore, d’une grande actualité et d’une importance majeure pour les relations judéo-chrétiennes, en contribuant à ouvrir de nouvelles voies de dialogue et de reconnaissance mutuelle.
Ce colloque a précisément explorer l’héritage de la Déclaration, son impact sur les rapports entre les deux traditions religieuses et les perspectives d’avenir, tout en abordant également les enjeux politiques et les conflits actuels.
L’Institut Culturel Français en Israël, partenaire de l’événement, a apporté sa contribution par la participation de divers professeurs et experts.
Prof. Denis Charbit – Directeur du centre « Études sur les relations entre Juifs, ChrĂ©tiens et Musulmans » – Open University of Israel
Le premier objectif est de comprendre les origines intellectuelles et spirituelles de ce texte dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah : comment ces premières idées nouvelles ont vu le jour et ont conduit au Concile Vatican II, où Nostra Aetate a été intégrée dans une vaste transformation de l’Église. Mais nous étudions aussi la manière dont ce texte a été reçue dans le monde chrétien.
Pour la chercheuse Yisca, investie depuis des années dans ce domaine, l’événement du 7 octobre 2023 a brisé certaines relations et mis à l’épreuve le chemin parcouru — un chemin qui, malgré tout, doit encore se poursuivre.
Yisca Harani – Chercheuse indĂ©pendante et Directrice du « Religious Freedom Data Center »
C’est ici la terre des religions, et c’est ici que le dialogue avec toutes les religions doit avoir lieu. Même si nous nous sentons aujourd’hui un peu déçus ou frustrés, nous devons reconnaître qu’il s’agit d’un problème sérieux : si nous ne continuons pas à tisser des liens, les ponts risquent de s’effondrer. Et si les ponts s’effondrent, il sera trop tard. Nous ne pouvons pas nous le permettre.
Pour bâtir de bonnes relations, il faut savoir écouter et apprendre à contempler avec un regard renouvelé la réalité de notre temps présent.
Tous sont en quête de vérité, qui n’est pas une idée abstraite, mais une personne.
Amnon Ramon – Jerusalem Institute for Policy Research et Yad Ben Zvi
Nous essayons de sensibiliser à ce sujet, mais seule une minorité connaît véritablement ce qui s’est passé dans l’Église Catholique et le changement d’attitude à l’égard des juifs. Je pense que l’essentiel est d’apprendre à étudier. Nous, juifs, devons continuer à étudier le christianisme – ses courants, ses diverses branches et ses multiples expressions à travers le monde chrétien – de même, les chrétiens devraient aussi apprendre et étudier ce qu’est le judaïsme, surtout aujourd’hui dans l’État d’Israël.
Le père Neuhaus a également évoqué les apports des Souverains Pontifes, de Jean XXIII jusqu’au Pape Léon, en faveur des différentes initiatives de dialogue pour une compréhension mutuelle.
P. David Neuhaus, sj – Institut Biblique Pontifical de JĂ©rusalem
Je crois que nous pouvons espérer que ce chemin continue, que les relations s’approfondissent, et que l’engagement à construire un monde meilleur se renforce.
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