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Les colons se déchaînent lors de la récolte des olives en Cisjordanie

Manuela Borraccino
13 novembre 2025
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Des forces israéliennes bloquent des colons juifs menaçant des agriculteurs palestiniens récoltant des olives dans le village de Sa'ir à Hébron, en Cisjordanie, le 23 octobre 2025. © Hashlamoun/FLASH90

La tension est vive en Cisjordanie, oubliée du plan Trump pour la paix. À cette période - et comme chaque année - les attaques de colons contre les Palestiniens se multiplient afin de les pousser à abandonner leurs terres et leurs maisons. Cette année cette violence est sans précédent.


« Les années passent, mais la violence croissante des colons contre les Palestiniens pendant la saison des olives demeure », écrit le quotidien israélien Haaretz. Dans un éditorial du même journal, la journaliste Amira Hass — longtemps la seule reporter israélienne à avoir vécu dans les Territoires occupés — se demande si l’on tolérerait qu’à Londres ou à New York, chaque jour, des citoyens juifs soient agressés par dix ou vingt groupes de personnes portant le keffieh et armées de barres de fer.

« Que se passerait-il si ces groupes attaquaient des magasins ou des cabinets d’avocats juifs en chassant leurs clients ? » interroge-t-elle, évoquant les violences que les colons infligent actuellement aux Palestiniens en Cisjordanie.

Voir aussi → 📺 Délégations diplomatiques en soutien aux paysans de Taybeh pour la récolte des olives

L’ONU dénombre 71 attaques en 7 jours : un record de violence

En octobre, les Nations unies ont recensé 150 attaques documentées contre des Palestiniens en Cisjordanie. Elles ont touché 77 villages différents, étaient liées à la récolte des olives et comprenaient des dégradations d’arbres, des vols d’olives et des agressions physiques [Source ici]. Au moins 140 personnes ont été blessées et un homme a été tué par balles dans le village de Deir Jarir. Les cas d’intimidation et d’abus se sont multipliés ces deux dernières années.

Le vendredi 10 octobre, à Beita, près de Naplouse, alors que des Palestiniens cueillaient les olives avec des militants internationaux, des colons se tenaient aux côtés des soldats israéliens qui tiraient des gaz lacrymogènes sur les cueilleurs. C’est dans ce même village que, le 6 septembre 2024, l’activiste turco-américaine Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, avait été tuée d’une balle dans la tête tirée par l’armée israélienne lors d’une manifestation palestinienne contre l’occupation.

Selon Mohammed Hamayel, maire adjoint de Beita, ces attaques ont été « les plus violentes, brutales et extrêmes » des dernières années. La semaine suivante, l’armée israélienne a arrêté 32 militants internationaux — venus du Royaume-Uni, d’Italie, de France, d’Allemagne, de Grèce, des États-Unis et d’Irlande — qui risquent désormais l’expulsion. Ils étaient arrivés pour aider les Palestiniens à récolter les olives et les protéger de la violence des colons.

Les conséquences sur l’autonomie économique des femmes

Un rapport récent de Miftah, principale ONG palestinienne de la société civile, sur l’impact des restrictions de l’occupation sur la pauvreté féminine en Cisjordanie, souligne que la violence des colons frappe de manière disproportionnée les femmes, notamment celles employées dans l’agriculture, secteur encore essentiel à l’économie palestinienne.

Parmi 260 femmes interrogées, 82,7 % ont déclaré avoir subi des agressions sur leur lieu de travail et 17,3 % à leur domicile. Ces violences atteignent leur pic pendant la récolte : en 2024, 26 % des incidents ont eu lieu en octobre et 10,3 % en novembre. Les formes d’agression sont multiples : violences physiques (30,4 %), destruction des récoltes (47,6 %), vols d’outils et d’olives (30,1 %), restrictions d’accès aux terres (33,1 %).

Pour 42,7 % des femmes, ces violences ont entraîné des pertes financières importantes, et pour 44,8 %, des dégâts matériels aux habitations — frais de réparation élevés, perte de moyens de subsistance.

Enfin, 13,2 % ont signalé une dégradation environnementale (pollution des sols, incendies d’oliviers) et 17,6 % des traumatismes psychologiques et déplacements forcés. Ces effets conjugués ont aggravé la pauvreté, le chômage et les tensions familiales, affaiblissant encore l’autonomie économique des femmes palestiniennes.

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