
Avec la disparition du père franciscain Stanislao Loffreda, archéologue de renommée internationale, survenue à Ascoli Piceno le 9 août dernier, disparaît le dernier protagoniste d’une époque glorieuse de l’archéologie en Terre Sainte.
Sans aucun doute, l’archéologie biblique du XXᵉ siècle est redevable de l’engagement et de l’intelligence des frères mineurs – il suffit de rappeler les noms des pères Sylvester Saller, Bellarmino Bagatti, Virgilio Corbo et Michele Piccirillo. Le père Stanislao Loffreda, mort à Ascoli Piceno le 9 août dernier à l’âge de 93 ans, a fait partie intégrante de cette histoire.
Son travail en Terre Sainte est surtout connu pour les campagnes de fouilles à Capharnaüm, qu’il qualifia dans un de ses ouvrages de « la ville de Jésus ». C’est là, sur les rives du lac de Tibériade, qu’entre 1968 et 1991 il travailla avec le père Virgilio Corbo à la découverte de la fameuse « Maison de Pierre », identifiée par les chercheurs comme la demeure de l’apôtre. Il revint à Capharnaüm après 2000, cette fois en tant que directeur des fouilles. Il mena aussi des recherches et études à Tabgha, Magdala et Kafr Kanna en Galilée, ainsi que dans les forteresses hérodiennes d’Hérodion et de Macheronte.

Il devint un spécialiste reconnu de la céramique palestinienne du Ier au XIᵉ siècle apr. J.-C., sur laquelle il publia des ouvrages fondamentaux pour les chercheurs et pour la reconstitution du contexte quotidien et liturgique de l’époque de Jésus. On peut citer, par exemple, son étude sur des objets tels que les lampes byzantines et les modestes vases domestiques.
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Le père Loffreda était né en 1932 à Monteprandone, dans les Marches. Après sa formation franciscaine et son ordination sacerdotale, il se forma dans les années 1960 au Studium Biblicum Franciscanum (SBF) de Jérusalem en Écriture Sainte et en Théologie, puis obtint un master en archéologie à l’Oriental Institute de l’Université de Chicago (États-Unis). Au Studium Biblicum, il enseigna l’archéologie pendant de nombreuses années et assuma la direction de l’institution de 1978 à 1990, succédant au père Bellarmino Bagatti.
Parmi ses nombreuses publications, son volume Capharnaüm II, La céramique (Jérusalem, 1974) attira particulièrement l’attention des archéologues israéliens. Un spécialiste de la discipline, Avraham Negev, qualifia l’ouvrage, dans sa recension, de « pierre fondamentale pour l’étude de la céramique de la période romano-byzantine ».
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En 2003, le père Loffreda devint professeur émérite, et en son honneur la faculté des Sciences bibliques et d’archéologie de Jérusalem publia un imposant recueil d’études archéologiques (One Land Many Cultures), auquel collaborèrent des archéologues et chercheurs de premier plan. Cette reconnaissance survint après qu’il eut dirigé, entre 2001 et 2003, de nouvelles campagnes de fouilles à Capharnaüm, qui lui permirent de produire une synthèse en plusieurs volumes de l’ensemble des recherches archéologiques menées sur ce site évangélique exceptionnel.

Il consacra encore quelques années au SBF à réorganiser le dépôt archéologique et à classer le matériel d’archives, le sien et celui du père Virgilio Corbo, disparu en 1991. Il passa ses dernières années dans les Marches, sa terre d’origine.
En évoquant son confrère, le père Claudio Bottini, bibliste et collègue d’enseignement pendant des décennies au Studium Biblicum, a souligné que le magistère du père Loffreda a formé des générations de chercheurs, transmettant à la fois la compétence scientifique et cette passion pour la Terre Sainte qui l’animait. « Avec cette humilité toute franciscaine – a ajouté le frère Claudio – il appelait en plaisantant “des tessons” ces précieux vestiges qui, grâce à son travail minutieux et à ses nombreuses publications, ont enrichi notre compréhension des témoignages archéologiques de l’histoire du salut. »