En mars 2010, Jérusalem a connu de nouvelles heures d’émeutes.
Ce n’était pas l’inscription au patrimoine national juif de la tombe des patriarches à Hébron ou celle de Rachel à Bethléem, ni davantage de colonisation à Jérusalem-Est qui ont mis le feu aux poudres mais l’inauguration d’une synagogue et quelle synagogue !
Dans la Vieille Ville s’élève l’odeur acre des gaz lacrymogènes. On compte rien moins de 25 soldats pour en interdire l’entrée par la Porte Neuve. Les sirènes de la police n’en finissent pas de retentir alentour et un hélicoptère tourne sans se lasser au-dessus de la Ville trois fois sainte et totalement enceinte! Elle est interdite à tous les palestiniens de moins de 50 ans qui n’en sont pas résidents. On se croirait revenu aux sombres heures de l’Intifada. Cela fait 10 jours que les manifestations sont continues en Cisjordanie et à Jérusalem. Les raisons sont multiples. Il y a eu d’abord la décision prise par le premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu d’inscrire le Caveau des patriarches, à Hébron, et la Tombe de Rachel, à Bethléem, à la liste des monuments historiques israéliens.On ne peut pas tenir rigueur aux juifs de tenir pour saints des tombes qui de fait appartiennent à leur histoire religieuse (et à la nôtre par voie de conséquence). En revanche cette inscription entérine l’annexion de l’espace qui entoure la tombe de Rachel à Bethléem et donnera de bonnes raisons aux colons de la Vieille Ville d’Hébron pour poursuivre leur colonisation de cette partie de la ville avec le lot d’exactions qui l’accompagne. Cette décision n’était pas de nature à calmer les esprit. Ce n’est pourtant pas elle qui a, à ce point, enflammé Jérusalem. Ce n’est pas non plus l’annonce de la part du maire israélien de construire 600 nouveaux logements à Jérusalem-Est. Il va sans dire que ces autorisations bénéficient aux seuls juifs car pour ce qui est des palestiniens de la ville, les destructions de maisons et les expulsions se poursuivent.
Non ce qui fait s’enflammer les Palestiniens c’est l’inauguration d’une synagogue en Vieille Ville. Serait-elle la première ? Loin s’en faut ! D’autres l’ont précédée dont certaines en quartier musulman alors que celle-ci ce situe en plein quartier juif. Est-ce vraiment parce qu’elle serait plus haute que le dôme du Rocher ? On sait les Palestiniens sanguins mais tout de même. Non ce qui fait peur à tous les musulmans du pays c’est qu’à l’histoire de cette synagogue est adjointe une prophétie : celle de la construction du Troisième Temple et qui parle de sa construction parle de la destruction des mosquées.
La synagogue Hurva, c’est son nom, est la plus ancienne du pays. Elle a été construite une première fois en 1700 et détruite de fond en comble 20 ans plus tard par les musulmans. Elle fut reconstruite en 1864 et dynamitée en 1948 par les Jordaniens. Il s’agit donc de sa troisième construction. Or, d’après la prophétie du rabbin Gaon de Vilna (1720-1797), esprit prodige de son temps à la renommée toujours considérable, la synagogue Hurva serait détruite et reconstruite deux fois (il faut préciser que ce sont ses disciples postérieurs qui avaient charge des lieux…), et que le lendemain de sa troisième construction achevée marquerait le lancement de la construction du Troisième Temple. Cette prophétie bien connue de certains cercles du judaïsme justement désireux pour les uns d’en finir avec les mosquées, pour les autres pressés de voir reconstruire le Temple, a paru quelques jours avant l’inauguration dans le journal Haaretz. Il a beau être rédigé en hébreu, le journal Al Quds en arabe a repris l’information pour en faire une cause de l’islam menacé. Il n’en fallait bien évidemment pas plus.
Au point que des cars de musulmans de nationalité israélienne ont été affrétés de Galilée pour venir défendre le troisième Lieu Saint de l’islam. Ils ont été arrêtés en cours de route et les Territoires palestiniens ont été bouclés mais il demeure assez de musulmans à Jérusalem pour mener la fronde. Et les Autorités israéliennes ont bouclé les accès à l’esplanade. Moins pour empêcher les musulmans d’y accéder que pour de fait interdire à certains fanatiques juifs d’y aller faire quelque provocation comme d’y déposer symboliquement la première pierre du Troisième Temple. Quand on sait que tout ou presque est prêt pour recommencer le culte du Temple (voir article page 34 sq) et que ce désir habite vraiment aujourd’hui certains religieux juifs, on comprend mieux dès lors les craintes qui s’emparent régulièrement des musulmans dès que les juifs s’approchent de l’esplanade.
Dommage que ces explications soient trop longues et passent pour trop irrationnelles aux yeux des journalistes pour qu’ils se donnent la peine de les donner quand ils relatent les évènements de Jérusalem. On ne les blâmera pas complètement quand on sait qu’on leur accorde généreusement une minute trente pour résumer 3000 ans d’histoire.
Dernière mise à jour: 20/11/2023 12:32
Terre Sainte n. 3/2010 – Sommaire TSM 607
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Le dernier tatouage d’Abbus
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