A ce jour, seules dix synagogues datant d’avant la destruction du Temple de Jérusalem en 70 sont connues en Terre Sainte. D’après un communiqué du 12 décembre publié par des archéologues israéliens travaillant sur le site de Magdala, aujourd’hui Migdal, en Galilée sur les rives nord-ouest du lac de Tibériade, dans le nord-est d’Israël.
Douze ans après la découverte d’une première synagogue de la période du Second Temple (516 av. J.-C. – 70 ap. J.-C), une seconde de la même période a été mise au jour cette année dans le cadre de fouilles menées par la société Y.G. Contractual Archeology, premier cabinet de conseil en archéologie du pays, sous l’égide académique de l’Institut d’archéologie Zinman de l’Université de Haïfa.
« Les deux synagogues ont été datées par d’autres artefacts trouvés sur le site, notamment de la verrerie, de la poterie et des pièces de monnaie », a expliqué au journal Haaretz, la codirectrice des fouilles, Dina Avshalom-Gorni, de l’Université de Haïfa.A noter que les récipients étaient en grès, matière utilisée pour les rituels juifs depurification. Selon l’archéologue, citée dans le même journal, les deux synagogues ont coexisté sans que l’une ne remplace l’autre, précisant que« les deux proviennent de la ville de l’époque romaine et elles ont existé d’environ 50 av. J.-C. jusqu’à la révolte juive en 67 ap. J.-C. ».
Un même plan pour deux synagogues
A la fin du Ier siècle av. J.-C. et au cours du Ier siècle ap. J.-C., il est tout à fait possible que Marie-Madeleine, la première témoin du Ressuscité, et sa famille – qui serait originairede la ville-, aient fréquenté l’une des deux synagogues. Et peut-être même Jésus y serait passé, étant donné les nombreux miracles qu’il aaccomplis dans la région et les multiples prédications données à ses habitants.
La première synagogue a été découverte en 2009, à Magdala lors de fouilles ayant mis au jour des bains rituels juifs, des rues, un marché et des installations industrielles. La seconde synagogue récemment découverte est plus petite. Pareillement construite en basalte et calcaire, elle suivait le même plan : un large carré qui abritait un hall central avec deux autres pièces sur les côtés. Dans la petite synagogue, les murs de la salle principale étaient enduits de plâtre blanc et coloré. « Le plafond de la salle, probablement en bois et en argile, était soutenu par six piliers dont deux socles en pierre ont été conservés in situ », précise le communiqué dans sa version en hébreu.
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Un banc de pierre également revêtu de plâtre courait le long des murs. Sur le côté sud du bâtiment, l’une des pièces attenantes possédait une étagère en pierre, elle aussi couverte de plâtre. Selon les experts, elle pourrait avoir servi à entreposer des parchemins qu’on peut légitiment associer aux rouleaux de la Torah. La première synagogue à avoir été découverte présente les mêmes spécificités, à ceci près qu’elle était ornée de fresques colorées et pavée de mosaïques, contrairement à l’autre qui présentait un sol en terre compactée,et plâtré, a précisé Haaretz.
La première synagogue découverte en 2009 se trouvait dans une zone industrielle et la seconde récemment mise au jour, dans une rue résidentielle. Cela montre qu’elles ont été toutes les deux construites « dans le tissu social de la ville », affirme Adi Erlich, directeur de l’Institut Zinman dans le communiqué de l’Université de Haïfa.
Une première : deuxsynagogues de la même période dans une même ville
Jusqu’à présent, dit-il encore, les archéologues ont supposé que tant que le Temple était en activité, les synagogues n’étaient pas nécessaires. Mais la découverte, pour la première fois dans une même ville, de deux synagogues de la période du Second Temple à moins de 200 mètres l’une de l’autre, suggère une autre piste.
Concernant Magdala, Dina Avshalom-Gorni soutient que « la découverte d’une deuxième synagogue dans cette ville galiléenne (…) reflète le besoin d’un bâtiment dédié à la lecture et à l’étude de la Torah et aux rassemblements sociaux ». Puisqu’il y a 2 000 ans, le culte et les sacrifices étaient centrés auTemple de Jérusalem, les synagogues qui lui étaient contemporaines n’étaient logiquement pas des lieux de culte et d’adoration mais plutôt ce que l’on appellerait aujourd’hui des « maisons de quartier », c’est-à-dire des lieux de réunions, d’études de la Torah et d’échanges.
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A ce titre, les archéologues rappellent que dans la synagogue découverte en 2009, une grosse pierre sculptée, d’environ 60 cm sur 50 et de 40 cm de haut,et qui fut peut-êtreutilisée comme table de lecture pour la Torah, se trouvait au cœur de la salle principale.Elle représentenotamment une probable évocation du Second Temple de Jérusalem et une menorah à sept branches. Les archéologues ont estimé que l’artiste avait reproduit la menorah placée dans le Temple de Jérusalem. Ce qui fait confirmerau professeur Adi Erlich que « les juifs locaux considéraient Jérusalem comme leur centre religieux et que leurs activités locales se déroulaient sous cette centralité ».
La ville de Magdala fondée à l’époque hasmonéenne (140 av. J.-C. – 37 av. J.-C.) a été détruite par les Romains lors de la guerre de 66 à 70 après J.-C. Elle est mentionnée à la fois dans les écrits de l’historien Flavius Josèphe et comme lieu de naissance ou de résidence de Marie-Madeleine dans les Evangiles. Le Talmud et saint Willibald, qui a péleriné au VIIIe siècle autour du lac de Tibériade, indiquent que l’emplacement de Magdala se situait entre Tibériade et Capharnaüm.