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Acte I de la réforme de la casherout en Israël

Christophe Lafontaine
3 janvier 2022
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Des représentants ultra-orthodoxes du Grand Rabbinat sur le point de remettre un certificat de casherout à un restaurant local dans le centre de Jérusalem, le 31 décembre 2019 © HadasParush/Flash90

La première phase de la réforme de la casherout en Israël est entrée en vigueur dimanche. Ouvrant le marché de la certification casher à la concurrence. Un air de petite révolution sur la vie des Israéliens.


« C’est un jour nouveau en Israël ! », a écrit dimanche sur son compte Facebook Matan Kahana. « Aujourd’hui, la première phase du plan de réforme de la casherout commence, elle normalisera le système de casherout de l’Etat d’Israël et le fera avancer vers une meilleure casherout, mieux contrôlée et plus organisée », a encore souligné le ministre israélien des Affaires religieuses.

A cette fin, la réforme souhaitée par Matan Kahana est basée sur l’objectif de créer plus de concurrence avec comme conséquence la réduction des prix à la consommation et la fin du monopole des rabbinats locaux, – tous sous l’autorité du Grand Rabbinat d’Israël -, seules instances habilitées à émettre jusqu’à maintenant des certificats de casherout.

Selon une étude publiée en octobre dernier par l’Institut israélien pour la démocratie (IDI), « le système israélien de certification de casherout est profondément inefficace et manque drastiquement de transparence, ce qui coûte aux contribuables environ 13,1 millions de shekels (3,7 millions d’euros) supplémentaires par an et se traduit par une double, voire une triple certification de certains établissements », avait relayé le Times of Israel.

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De plus, déclarait l’un des co-auteurs de l’étude, Israël compte 150 rabbinats locaux. Aussi, Ariel Finkelstein, doctorant au département des sciences politiques de l’université Bar Ilan, faisait remarquerdans l’étude que « chacun fonctionne de manière isolée, fixe ses propres règles et applique ses propres normes. Il n’y a aucune transparence, aucune efficacité et aucune norme uniforme ». Ce qui a pu amener à des situations baroques où on a vu apparaître des « différences frappantes dans les chaînes de restaurants ou les boulangeries par exemple » selon les localités.

Une réforme en deux volets

Le premier volet de la réforme engagée par Matan Kahana vient d’entrer en vigueur le 2 janvier. Désormais, les restaurants, les magasins d’alimentation et les entreprises de production peuvent choisir n’importe quel grand rabbin municipal dans tout le pays pour obtenir une certification casher.
« La possibilité pour chaque rabbin municipal, via un conseil religieux, de fournir des certificats de casherout dans toutes les régions d’Israël (…) ouvre le marché de la casherout à la concurrence », a de fait expliqué Matan Kahana sur Facebook, affirmant que cela conduira à « un meilleur service, plus sérieux, plus méticuleux et plus pratique pour les propriétaires de commerces ».

L’entrée en vigueur de la deuxième étape qui achèvera le processus de réforme est prévue au 1er janvier 2023. Elle prévoit d’ouvrir le marché de la casherout à encore plus de concurrence, avec la création d’une série d’agences privées pouvant délivrer des certificats de casherout, sous contrôle gouvernemental. Le projet prévoit également la création d’un organe de supervision au sein du Grand Rabbinat pour surveiller les agences privées et s’assurer qu’elles respectent les normes religieuses qu’elles se seront engagées à respecter.

Appel des Haredim au boycott

Le plan de réforme est vivement condamné par les ultra-orthodoxes qui voient une atteinte au monopôle du Grand Rabbinat sur la question. Les députés Haredim s’y sont d’ailleurs vigoureusement opposés à la Knesset, ayant soumis plus de 1 000 amendements au texte de réforme, dont la plupart ont été rejetés. Dimanche, quatre rabbins ultra-orthodoxes de premier plan en Israël ont publié une pétition appelant les rabbins municipaux à ne pas suivre l’esprit de la réforme et ont menacé de boycotter tout rabbin qui délivrerait des certificats de casherout en dehors de ses frontières municipales.

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Selon eux, le but de la réforme est de « semer la division parmi les rabbins d’Israël en tentant les rabbins de donner une certification de casherout dans des endroits autres que ceux où ils résident, provoquant la jalousie et une compétition de l’un contre son prochain, ce qui conduira à la destruction complète de l’ensemble du système de la cacherout en Israël, dont personne ne peut prédire la fin ».

En réponse, l’actuel ministre des Finances, Avigdor Liberman, chef du parti politique israélien laïc et nationaliste de droite et farouche opposant à la droite religieuse, a tweeté dimanche : « Boycott ? Votre coercition ne fonctionnera pas cette fois », a-t-il ajouté. Il a en outre déclaré que le domaine de la casherout « appart[enait] à tout le monde et pas seulement à un courant ou à un autre ». « Je suis sûr, a-t-il encore écrit, que chacun sait comment décider par lui-même ce qui lui convient. Nous continuerons à mettre résolument en œuvre cette importante réforme qui démantèle le monopole de la casherout dans l’Etat d’Israël ».

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