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Belvoir, un château dans les airs

Nizar Halloun
29 mai 2016
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Belvoir, un château dans les airs
Vue aérienne sud-nord de la forteresse de Belvoir. À ses pieds, la vallée du Jourdain, au nord, le lac de Tibériade @Ron Gafni/Skypics.co.il

Avant Tibériade, se trouvent les vestiges d’une impressionnante forteresse : Videbellum, Belvoir, nommée ainsi pour sa belle vue, et appelée “le Coquet” par les habitués de la forteresse, pour sa belle stature. Aujourd’hui, bien qu’elle ait été pratiquement rasée jusqu’aux fondations, elle dégage encore une aura de puissance et de force.


Alors que Gilbert de Aissailly était Grand Maître des Chevaliers Hospitaliers, l’Ordre s’entoure de treize nouvelles forteresses, parmi lesquelles Belvoir, la plus importante. Elle avait pour rôle de freiner les invasions venues de l’est et commandait les vallées du sud.

Saladin, profitant de l’onde de choc causée par la défaite de Hattin le 4 juillet 1187, lance son attaque sur le Royaume chrétien de Jérusalem. Alors que les bastions chrétiens tombent un à un, Belvoir, perchée à 550 m, continue de résister pendant plus d’un an et demi. Les Hospitaliers tiennent bon face au siège de Saladin de juillet 1187 à janvier 1189. Cette mise à l’épreuve de la forteresse renforça l’image des Hospitaliers auprès des sarrasins. Imad al-Din al-Isfahani, secrétaire de Saladin, a décrit la forteresse des Chevaliers comme “une citadelle et un refuge inaccessible, un sommet inatteignable, un silex imbattable…”

Légende du plan 1. Barbacane 2. Citerne 3.Tour est 4. Porte interne ouest 5.Donjon
6. Pont-levis

Le Château : vue d’ensemble

Toute en basalte, Belvoir est une forteresse multiple, considérée par les historiens modernes comme la première construction concentrique de son genre. Ce travail d’imbrication de grande ampleur (qui aurait ruiné les Hospitaliers) aurait été conçu pour répondre à la fois aux exigences religieuses de l’Ordre, une clôture devait séparer les religieux des laïcs, mais plus important encore, pour fournir une défense efficace contre les nouvelles techniques de siège des sarrasins. Belvoir possède sept passages secrets, deux citernes et un aqueduc reliant la forteresse à une source voisine.

©Nizar Halloun

La fortification, barbacane, et l’entrée interne

La fortification externe, mêlant fer et blocs de basalte, a une épaisseur de 3 m et mesure 480 m de circonférence. Pour accéder à l’entrée interne, il faut suivre un chemin en forme de “U”, tourner à 90 ˚, avant d’atteindre la première porte. Cette approche est entièrement contrôlée par des meurtrières et protégée par deux portes en bois bardées de fer.

Sur le troisième côté à l’est, là où il n’y a pas de fossé, se dressait la barbacane, haute tour surplombant la vallée. Le mur d’enceinte externe, la première ligne de défense, comprenait sept autres tours carrées.

 

Citernes

Le mur sud comprenait les écuries et les zones de stockage. Le mur externe comprenait une grande citerne voûtée ; des bains à vapeur ont aussi été trouvés à proximité. Une autre grande citerne indépendante se trouve dans le donjon.

©Nizar Halloun

 

©Nizar Halloun

La tour est

Elle est l’une des quatre tours d’angle. Saillante de l’enceinte, elle permet une excellente maîtrise de l’espace externe et un champ de tir dégagé sur la fosse et le pied du mur en glacis.

La porte interne ouest

Ceci est l’entrée principale du donjon : il y avait là deux portes, une guérite et une tour. Les portes sont construites en “entrée courbée” obligeant les intrus à tourner de 90 degrés pour accéder à la dernière porte, celle de l’espace le mieux gardé : le donjon. Avec sa relative indépendance il permettait un repli en cas de chute
de la forteresse extérieure.

 

 

La cour centrale et ses voûtes

La forteresse intérieure est un bastion “coffre-fort” mesurant 40×40 m à cinq tours. Elle s’élevait un demi-étage plus haut que l’ensemble de la forteresse, assurant ainsi l’appui et la protection de la ligne extérieure.

La cour intérieure et ses voûtes étaient le lieu le plus important de la forteresse. Conçu principalement pour des fonctions religieuses, selon Jonathan Riley-Smith dans l’Atlas des croisades, cet ensemble a servi de cloître
et comprenait sa propre guérite,le dortoir des frères, un réfectoire et une chapelle
.

©Nizar Halloun

Le fossé et le pont-levis

Le fossé couvre environ 100 m de chaque côté du carré. Il mesure 20 m de large et 10 de profondeur. À l’ouest se trouvait un pont-levis en deux parties : la première en pierre et l’autre en bois. Il pouvait être relevé voire incendié si nécessaire.

©Nizar Halloun

Dernière mise à jour: 09/01/2024 22:58

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