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Le lac de Tibériade sort de sa cote d’alerte

Joséphine Costantini
5 mars 2019
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Le lac de Tibériade sort de sa cote d’alerte
A l'été 2018, le niveau du lac de Tibériade était si bas que l'on vit apparaître une île. ©Flash90

Bonne nouvelle pour le lac de Tibériade : il pleut ! Si le lac n’est pas tout à fait tiré d’affaire, il sort néanmoins de la situation périlleuse où l’avaient installé 5 années de sécheresse.


Cette année, pour la plus grande joie des autorités d‘Israël et surtout celle de ses habitants, l’hiver pluvieux a augmenté le niveau de l’eau du lac de Tibériade. Ce lac est aussi connu sous le nom de Mer de Galilée ou Kinneret à cause de sa forme de harpe qui se dit en hébreu kinnor.

Ce lac, qui se trouve à quelque 200 mètres sous le niveau de la mer, s’étend sur 160 km2. Il est la principale réserve en eau douce du pays. Mais on en a un peu trop abusé, notamment avec l’agriculture, et plus particulièrement la culture de bananes, qui utilise énormément d’eau. Ainsi, avant qu’il n’y ait des problèmes sérieux au niveau de la gestion de l’eau, jusqu’en 2001, on pompait 400 millions de mètres cubes par an ! Le lac est alors descendu à son niveau le plus bas, 214,87 mètres sous le niveau de la mer, niveau qu’on a baptisé « ligne noire », zone critique. On s’est alors rendu compte qu’il fallait limiter ce pompage et on ne puise maintenant plus que 20 à 40 millions de mètres cubes d’eau selon les années.

A un pompage abusif s’ajoute que, depuis 5 ans, le pays fait face à une période de sécheresse. Il ne pleut pas assez et le lac s’évapore d’un centimètre par jour !

La Mer de Galilée s’épuise. En 2017, elle s’est à nouveau approchée de la ligne noire, en descendant jusqu’à – 214,13 mètres.

Cette baisse gigantesque a, évidemment, affecté l’environnement et la vie animale autour de Tibériade. En fait, quand le niveau de l’eau baisse, la salinité de celle-ci augmente, et les poissons, par exemple, ont du mal à survivre. Pour remédier à tous ces problèmes, l’Etat israélien a bien sûr pris des mesures, comme par exemple l’installation de cinq usines de dessalement, pour répondre aux besoins de la population en eau potable. Aujourd’hui en Israël, 70% de l’eau consommée provient de ces usines. Mais cette eau dessalée se révèle manquer de magnésium entrainant des carences graves pour la santé.

Une autre mesure est le lancement de nombreuses campagnes contre le gaspillage de l’eau. En juin 2018, le gouvernement Netanyahu a également envisagé un plan sur 5 ans à partir de 2019, visant à approvisionner directement le lac en eau dessalée.

En attendant, cette année, le ciel a décidé d’être clément, et grâce aux pluies abondantes, le lac a enfin dépassé la « ligne rouge », en dessous de laquelle on limite encore plus le pompage. Au 3 mars, il avait augmenté d’1,87 mètres depuis le début de la saison des pluies, et ce n’est pas fini: quand la neige du Mont Hermon fondra, le niveau augmentera encore! Le porte parole de  l’administration des eaux, Uri Schor, se montre assez optimiste mais met en garde: « Les pluies d’aujourd’hui ne vont pas effacer les 5 dernières années ». Les experts le confirment: même des pluies au-dessus de la moyenne ne suffiront pas à sauver le lac. Ainsi, ils sont assez inquiets pour l’avenir, car, comme le dit Schor, « globalement l’eau se fait de plus en plus rare ». Le lac doit en effet encore augmenter de 3,97 mètres pour être à nouveau plein.

La pluie en Terre Sainte est une bénédiction. C’est pourquoi Uri Schor poursuit : « Nous prions tous pour de bonnes années de bénédiction mais il faut se préparer au contraire au niveau du pays mais aussi au niveau individuel veillant à ce que notre utilisation de l’eau se fasse en évitant le gaspillage. »

Pour l’heure en Terre Sainte nous prions donc sous la pluie.

Merci à Joséphine, en stage d’observation, qui offre à Terre Sainte Magazine son premier article.