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Israël débute son troisième confinement et accélère sur la vaccination

Cécile Lemoine
28 décembre 2020
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La porte de Jaffa, à Jérusalem, vide de tout passant lundi 28 décembre alors qu'un troisième confinement est en place depuis la veille au soir. Photo : Yonatan Sindel/Flash90

Alors que le pays a entamé dimanche deux semaines d’un confinement qui pourrait s’étaler sur un mois, la campagne de vaccination se poursuit. Le premier ministre pronostique qu’Israël pourrait être le premier pays à sortir de la crise sanitaire.


L’envolée des taux de contamination n’a pas laissé le choix au gouvernement. Depuis dimanche 17 heures, les Israéliens sont confinés pour la troisième fois en l’espace de dix mois. Prévu pour durer deux semaines, le confinement pourrait s’étaler sur un mois, ont laissé entendre des responsables politiques.

Le pays compte actuellement 34 996 cas actifs; 3 203 personnes sont décédées. En Cisjordanie, on dénombre 13 926 cas actifs et 1 074 décès, et à Gaza 10 202 cas positifs et 311 décès. Le nombre de nouveaux cas quotidiens a augmenté ces dernières semaines, dépassant régulièrement les 3 000, chiffre considéré comme le plafond avant la mise en place de nouvelles restrictions.

Cela semble peu, comparé aux 8 822 nouveaux cas recensés en France le 27 décembre. Mais rapporté au nombre d’habitants (les Israéliens sont sept fois moins nombreux que les Français), les nouveaux cas sont plus nombreux dans l’État juif avec 441 cas par million d’habitants contre 190 pour la France. Pour atteindre ce ratio, il faudrait multiplier par sept le nombre de nouvelles contaminations en France.

Restrictions

Contraints de rester chez eux, les Israéliens ne peuvent se déplacer que dans un rayon d’un kilomètre, sauf exceptions (dont la vaccination fait partie). À moins d’être considérés comme essentiel, les commerces doivent fermer, de même que les établissements dédiés aux loisirs ou au divertissement. Les transports publics et les lieux de travail ne pourront recevoir que 50% de leurs capacités habituelles. Ces restrictions ne concernent pas les écoles, qui restent ouvertes.

« Comment en est-on arrivé à ce troisième confinement ? C’est simple : nous ne sommes jamais sortis de la seconde vague. Les chiffres étaient toujours trop hauts à la fin du deuxième confinement, analyse Eran Segal, mathématicien pour le Weizmann Institute, qui modélise l’évolution du virus dans le pays sur Twitter. Nous répétons les mêmes erreurs : quand le nombre de cas positifs a commencé à augmenter chez les populations Arabes d’abord, puis chez les juifs orthodoxes, les mesures n’ont pas été suffisantes. »

Le scientifique table sur la vaccination massive de la population pour sortir de la crise. Près de 100 000 Israéliens ont reçu leur première dose de vaccin dimanche, portant le nombre total de personnes vaccinées à 379 000 après deux semaines de campagne. Le pays se classe actuellement au premier rang mondial en termes de vaccinations par habitant.

« Champion du monde »

« Fierté nationale : notre pays est le champion du monde du vaccin ! », n’a pu s’empêcher de tweeter le premier ministre Benyamin Netanyahou face à ce classement. Le pays s’est fixé comme objectif un taux de vaccination de 150 000 personnes par jour, le Premier ministre ayant déclaré samedi qu’il espérait vacciner plus de 2 millions d’Israéliens d’ici la fin janvier.

« La combinaison du confinement et d’un taux de vaccination quotidien de 1,1% de la population pourrait mettre fin aux cas mortels de Covid-19 d’ici mars », estime Eran Segal. De quoi faire du pays « le premier au monde à sortir de la pandémie », pronostique déjà Benyamin Netanyahou, qui débute une nouvelle campagne électorale. Son calcul suggère une sortie de crise début mars, donc juste avant les nouvelles élections nationales prévues le 23 mars.

Au-delà du timing politique, la projection est à mettre en perspective avec la petite population d’Israël, qui compte seulement 9 millions d’habitants, contre 67 millions pour la France  ou 328 millions pour les États-Unis. Il paraît normal que la vaccination y soit plus rapidement terminée.

Si l’optimisme est de mise, la colère et la lassitude gagnent. En difficultés financières, les propriétaires d’entreprises se disent prêts à défier le confinement, et à rester ouverts, rapporte le Times of Israël. Colère et lassitude affluent dans les témoignages « Je suis incapable de refermer, soufflait une propriétaire de studio de Pilates, à Channel 12. Je dois gagner ma vie. C’est un droit fondamental et je ne peux pas y renoncer. À chaque confinement, je perds des clients. Je ne peux pas aller plus bas : mes moyens de subsistance sont compromis même lorsque je peux rouvrir. »

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