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Israël et sa reconnaissance

Francesco Pistocchini
8 mai 2021
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L’ouverture récente de l’ambassade d’Israël à Abou Dhabi et celle des Émirats Arabes Unis (EAU) à Tel Aviv consacrent la reconnaissance officielle mutuelle des deux pays, dans le cadre des “Accords d’Abraham” qui, promus par les États-Unis, ont récemment conduit 4 pays arabes à établir des relations diplomatiques et commerciales avec Israël, outre les EAU, Bahreïn, le Maroc et le Soudan.

La reconnaissance internationale d’Israël a toujours été une question sensible. Même si l’État hébreu est devenu membre de l’ONU le 11 mai 1949, parce que les 5 puissances du Conseil de sécurité l’ont immédiatement admis, ses relations internationales ont néanmoins été négativement influencées par les guerres avec les pays arabes et par la question palestinienne.

Aujourd’hui 164 pays membres de l’ONU sur 192 reconnaissent Israël (soit 85 %), plus le Saint-Siège qui entretient des relations officielles depuis 1994. Les 28 autres ne reconnaissent pas Israël en soutien de la cause palestinienne : 15 d’entre eux sont des pays membres de la Ligue arabe (Algérie, Arabie Saoudite, Comores, Djibouti, Irak, Koweït, Liban, Libye, Mauritanie, Oman, Qatar, Somalie, Syrie, Tunisie et Yémen) ; à ceux-ci s’ajoutent 10 autres pays non-arabes à majorité musulmane, dont l’Iran, considéré comme le principal ennemi d’Israël. Enfin il y a Cuba, le Venezuela et la Corée du Nord, des pays qui se démarquent fortement des États-Unis.

Aujourd’hui 164 pays membres de l’ONU sur 192 reconnaissent Israël (soit 85 %), plus le Saint-Siège qui entretient des relations officielles depuis 1994.

L’Égypte a été le premier pays arabe à normaliser ses relations avec les Israéliens, après la paix de Camp David en 1979, suivie par la Jordanie en 1994. Mais traditionnellement Israël a des liens avec d’autres pays musulmans, tels que la Turquie (liens qui se sont détériorés après 2011) et l’Azerbaïdjan, que l’État hébreu a récemment soutenu contre l’Arménie dans la guerre du Haut-Karabakh.

Au fil des décennies les relations diplomatiques ont connu de nombreuses ruptures, notamment après la guerre des Six Jours (juin 1967) et celle du Kippour (octobre 1973) ; ces ruptures ont impliqué une cinquantaine de pays, principalement de l’ancien bloc soviétique et d’Afrique. Par la suite presque toutes les relations ont été rétablies, à l’exception de Cuba, des Maldives, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Venezuela. Mais le clivage le plus traumatisant a eu lieu avec l’Iran en 1979, lorsque le régime khomeyniste a pris le pouvoir à Téhéran et a complètement coupé les liens.

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Sur les 28 pays qui ne reconnaissent pas Israël, 7 n’autorisent pas l’entrée des personnes détenant le passeport bleu israélien (Algérie, Arabie Saoudite, Bangladesh, Brunei, Irak – avec des exceptions au Kurdistan irakien, Malaisie, Pakistan) et 6 n’autorisent même pas l’entrée des citoyens de pays tiers qui ont un tampon israélien sur leur passeport (Iran, Koweït, Liban, Libye, Syrie, Yémen).

Mais après les succès diplomatiques de 2020 liés aux Accords d’Abraham, la situation est en train de changer. Depuis août 2020 l’Arabie Saoudite autorise les vols au-dessus de son espace aérien vers Israël. Les deux pays entretiennent des relations informelles, par l’intermédiaire de la Jordanie et des États-Unis. Le rapprochement diplomatique est dû à l’ennemi commun, l’Iran, et récemment aussi à l’aversion commune pour la politique de la Turquie. En novembre dernier Netanyahou aurait effectué une visite secrète en Arabie Saoudite. Le Qatar entretient aussi des relations commerciales avec Israël depuis 1996. Relations assez mouvementées, notamment en ce qui concerne le soutien du Qatar à la population gazaouie, mais l’Émirat, qui accueillera la Coupe du monde de football en 2022, admet la participation d’Israël. Des négociations probables sont également en cours avec Oman. Si ces pays normalisaient leurs relations avec Israël, le Koweït serait alors soumis à de fortes pressions pour rejoindre le groupe des riches États arabes du Golfe.

Du point de vue commercial, les relations d’Israël avec le monde arabe et, plus généralement, avec le monde musulman, ont été jusqu’à présent limitées. Sur les 64 milliards de dollars d’exportations israéliennes en 2018, la grande majorité s’est concentrée en Europe, en Amérique du Nord et en Asie de l’Est. Seuls les Territoires palestiniens ont occupé une place importante dans les exportations (5,6 %), suivis par la Turquie (2,6 %).

Toujours en 2018, les importations en provenance des pays musulmans s’élevaient à environ 13 %, dont 8 % en provenance de Turquie, 2,1 % d’Azerbaïdjan, 1,2 % des Territoires palestiniens et 0,7 % d’Égypte.

La Turquie était la principale destination des liaisons aériennes directes, au départ de l’aéroport international de Tel-Aviv, suivie par les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Russie et l’Italie. Les destinations des vols de Tel-Aviv vers les pays arabes étaient, jusqu’à il y a quelques mois, uniquement Le Caire et Amman. Bahreïn, Abu Dhabi et Dubaï (EAU), Casablanca (Maroc) ont récemment été ajoutés, grâce aux accords de 2020.

 

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