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Israël, un pays multiethnique en chiffres

Terrasanta.net
21 mai 2021
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Israël, un pays multiethnique en chiffres
Un juif ultra-orthodoxe et une femme palestinienne à la porte de Jaffa à Jérusalem, le 5 juillet 2020 ©Yonatan Sindel/Flash90

Malgré la loi sur l'État-nation de 2018, Israël reste un pays multiethnique et multireligieux. La violence de ces derniers jours a mis en lumière toutes les difficultés de la coexistence entre les citoyens juifs et les citoyens arabes. Quelques chiffres.


Les violents affrontements qui ont éclaté à Lod et dans de nombreuses autres villes israéliennes entre des résidents juifs et Arabes israéliens (ou Palestiniens en Israël), tous citoyens israéliens, mettent en évidence les fractures qui existent au sein de l’État. Mais combien pèsent les minorités non-juives dans un pays qui s’est doté en 2018 d’une loi affirmant que « l’exercice du droit à l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est réservé uniquement au peuple juif » ?

Aujourd’hui, sur un territoire de 22 000 km², Israël compte 9 140 000 habitants, dont près de 7 millions (6 673 000, soit 74,1%) sont juifs. Le quart restant se compose principalement de citoyens d’origine et de langue arabes (1,89 million, soit 21%), musulmans et chrétiens. A côté, 448 000 habitants (4,9%) constituent des groupes ethniques et religieux plus petits, notamment les Druzes, les chrétiens non arabes et les personnes enregistrées comme n’appartenant à aucune religion.

Une mosaïque de peuples

Les statistiques démographiques rapportées ici, fournies par le Bureau central israélien des statistiques, ne concernent que les citoyens de l’État d’Israël et ne tiennent pas compte des travailleurs étrangers (Palestiniens des Territoires, immigrants d’Asie et d’Afrique, réfugiés, autres étrangers résidents) qui représentent au moins 400 000 habitants supplémentaires.

Ceux que l’on appelle les Arabes israéliens sont les Palestiniens « laissés pour compte » après la guerre de 1948 et la naissance d’Israël. La majorité d’entre eux sont des musulmans sunnites (1,2 million) concentrés dans les petites villes et les villages du Nord, mais aussi à Lod (30% des résidents), à Ramla (20%) et dans les grands centres comme Haïfa (10%) et Tel Aviv (3%).

Environ 250 000 Bédouins, également musulmans, appartenant à une trentaine de tribus, sont dispersés dans de vastes régions du Sud et vivent une transition entre une condition de bergers nomades et une vie sédentaire. Les Arabes chrétiens (principalement Melkites et Grecs-orthodoxes) sont au nombre de 123 000 et vivent principalement dans les villes de Nazareth, Haïfa et Shefaram. On compte 122 000 Druzes et ils parlent arabe. Répartis dans une vingtaine de villages du Nord, ils constituent une communauté religieuse et culturelle bien distincte, particulièrement intégrée dans l’État.

Enfin, les statistiques sur les citoyens d’Israël incluent les Circassiens, sunnites (environ 4 000), de lointaine origine caucasienne ; les Araméens, une minorité de seulement 200 familles de chrétiens israéliens qui depuis 2014 ne sont plus identifiés aux Arabes ; quelques centaines de Samaritains et de Bahaïs.

L’équilibre démographique en mouvement

Lors de sa fondation en 1948, le pays ne comptait que 806 000 habitants. L’année suivante, il atteignait un million, puis deux millions en 1958, en raison de l’arrivée massive de juifs réchappés de la Shoah ou provenant de pays arabes. La dernière grande vague d’immigration juive (aliyah) a suivi la dissolution de l’Union soviétique en 1990. Aujourd’hui, 45% de la population juive mondiale vit en Israël, mais le pourcentage de résidents juifs dans l’ensemble des territoires d’Israël, de la Cisjordanie et de Gaza est tombé en dessous de 50%, comme le montre le tableau.

En 70 ans, la population israélienne a plus que décuplé et a augmenté l’année dernière de 2% (l’un des taux les plus élevés des pays occidentaux), principalement grâce aux nouvelles naissances et, en partie seulement, aux flux migratoires. La croissance affecte les différentes communautés de diverses manières. Alors que dans les années 2010, le nombre de juifs a augmenté en moyenne de 1,8%, la composante arabe a augmenté de 2,4% (mais de 3,4% dans les années 1990). Le nombre de chrétiens a augmenté de 1,3%, celui des druzes de 1,7%.

Lire aussi >> De la démographie juive et arabe en Terre Sainte

Au sein de la population juive, l’équilibre démographique est en train de changer. D’origines les plus diverses (ashkénaze, sépharade, mizrahi, beta Israël), les juifs peuvent également être répertoriés en religieux, traditionnels et laïcs. Parmi les religieux, le nombre de haredim (ultra-orthodoxes) est en augmentation. Ayant récemment franchi la barre du million, les ultra-orthodoxes ont maintenu une croissance constante au cours de la dernière décennie. Le taux de fécondité des femmes de la communauté est plus du double du taux général. Selon une estimation du Bureau central des statistiques, dans 40 ans, les haredim pourraient représenter la moitié de tous les juifs du pays. (f.p.)


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