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Appel pour une récolte pacifique des olives en Cisjordanie

Christophe Lafontaine
22 octobre 2020
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Appel pour une récolte pacifique des olives en Cisjordanie
Les forces de sécurité israéliennes dispersent des agriculteurs palestiniens tentant de récolter les fruits de leurs oliveraies, dans le village palestinien de Burqa, le 16 octobre 2020 © Flash90

Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) a lancé, mi-octobre, une initiative de soutien via le hashtag #PeacefulHarvest, pour que les Palestiniens vivent pacifiquement la saison en cours de la cueillette des olives.


« La saison de la récolte des olives est l’occasion de rappeler une fois de plus au monde les difficultés et les injustices dont souffre le peuple palestinien sous l’occupation ». « Récolter en paix et en toute sécurité est essentiel pour la vie et les moyens de subsistance des agriculteurs palestiniens et de leurs familles. » C’est ce que déclare dans un communiqué en anglais daté du 14 octobre, le père Ioan Sauca secrétaire général par interim du Conseil œcuménique des Eglises (COE). Ce dernier étant composé de la plupart des Eglises orthodoxes et d’un grand nombre d’Eglises protestantes. « On n’oublie pas le peuple palestinien et la communauté chrétienne continuera de s’opposer à l’oppression et aux violations des droits de la personne », ajoute le père Sauca.

En parallèle à ce communiqué, dans une lettre de plaidoyer proposée en modèle par le COE à tous ceux qui se sentent concernés par la question, on peut lire : « Au cours des dernières décennies sous occupation, les restrictions de mouvement, le refus d’accès aux terres privées et leur expropriation, les démolitions de bâtiments agricoles, la construction de colonies, les attaques violentes et le harcèlement des colons extrémistes ont causé des dommages aux agriculteurs palestiniens et à leurs familles, et ont entraîné la destruction ou l’endommagement de centaines de milliers d’arbres et a par conséquent entraîné une importante perte de revenus et des difficultés financières pour de nombreuses familles. »  La Cisjordanie compte plus de 10 millions d’oliviers. Et environ 100 000 familles en dépendent financièrement.

Prière et sensibilisation du grand public

C’est pourquoi le COE a décidé de lancer « l’initiative pour la récolte des olives » à échelle mondiale du 14 octobre au 31 novembre. D’abord, pour inviter les personnes de bonne volonté et les 350 Eglises membres du COE à « prier pour la paix et la justice en Terre Sainte et pour une récolte abondante d’olives. »  Ensuite pour communiquer sur la réalité-terrain, sensibiliser le grand public, et ce, via le relais des réseaux sociaux grâce au hashtag #PeacefulHarvest. Pour ce faire, le COE propose sur son site un kit de photos et de données chiffrées destinées à être diffusées sur Facebook, Twitter, Instagram. Un webinaire de lancement a aussi eu lieu hier pour échanger sur l’importance spirituelle, économique et culturelle de la récolte des olives pour les communautés palestiniennes et pour traiter un large éventail de questions tels que les droits de l’Homme, la jeunesse, la prospérité économique…

Cette initiative de soutien à distance s’explique par les restrictions sanitaires liées au coronavirus. Car habituellement, depuis 2002, dans le cadre du Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI), le COE envoie pour trois mois entre 25 et 30 « accompagnateurs et accompagnatrices œcuméniques » bénévoles recrutés dans plusieurs pays pour offrir aux populations locales vulnérables, protection et solidarité. Ce programme répond à un appel des Eglises locales mais aussi des organisations palestiniennes et israéliennes des droits humains demandant une présence internationale en Terre Sainte. En temps normal, ces volontaires sont reconnaissables à leur veste brun clair sur laquelle est représentée une colombe. Mais depuis mars, la situation sanitaire a mis à mal à la présence de volontaires sur place. Ces deux événements conjugués ont « aggravé la vulnérabilité des communautés palestiniennes dans les territoires occupés », déplore l’instance religieuse.

2700 arbres abîmés en 2019

Selon Yesh Din, un groupe de défense des droits, la semaine dernière on comptait 14 incidents de vandalisme et de destruction liés à la récolte des olives depuis le 5 octobre, dont cinq agressions par des colons contre des agriculteurs palestiniens. Pendant la récolte des olives en 2019, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a recensé 60 attaques de colons contre des familles palestiniennes et leurs biens. Quelque 2 700 arbres ont ainsi été abîmés et 160 tonnes d’olives ont été perdues.

Par ailleurs, d’après l’OCHA encore, sur les 74 points de contrôle agricoles que les agriculteurs doivent passer pour atteindre leurs arbres, 53 ne sont ouverts qu’au moment de la récolte. En outre, les Palestiniens ont besoin d’un permis pour pouvoir franchir les postes de contrôle agricoles. En 2018, 72% des demandes de permis avaient été rejetées. Et à l’automne 2019, les oléiculteurs détenant un permis valide ont vu leur accès aux terres de la zone tampon (près des colonies, du mur, etc.) se réduire à 40 jours par an.

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