Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Fermé en 1995, le musée arménien de Jérusalem a rouvert

Christophe Lafontaine
25 octobre 2022
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Fermé en 1995, le musée arménien de Jérusalem a rouvert
Le musée arménien Mardigian rénové avec en son cœur une gigantesque mosaïque du VIe siècle ©Armenian Patriarchate of Jerusalem

Après quasiment 30 ans de fermeture, le musée Edward et Helen Mardigian dans le quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem, rénové, a été inauguré le 23 octobre. L’établissement doit ouvrir au public en novembre.


Dimanche 23 octobre, la réouverture du musée d’art et d’histoire Edward et Helen Mardigian, à l’intérieur du couvent arménien dans la vieille ville de Jérusalem, a été solennellement célébrée. Et ce, en présence du Patriarche arménien de Jérusalem, Sa Béatitude Nourhan Manougian qui a souligné dans un discours « l’importance de rétablir le Musée arménien dans un centre comme Jérusalem », a rapporté le magazine arménien européen indépendant média, Orer, qui explique que ce musée est fait pour devenir un « centre majeur pour l’étude de l’histoire ecclésiastique et laïque arménienne et de l’art arménien » aux côtés notamment de la bibliothèque Gulbenkian.

Le patriarcat latin de Jérusalem qui a assisté à l’événement a rapporté que cette cérémonie a marqué le « début d’un nouveau chapitre de la présence arménienne dans la ville sainte », citant le père Arakel Aljalian, pasteur arméno-américain de l’église arménienne Saint James de Watertown/Massachusetts aux Etats-Unis. Ce dernier a offert sa médiation aux enfants des époux Mardigian, mécènes historiques du musée, afin de poursuivre l’œuvre de leurs parents. Le musée, fondé à la fin des années 1960 avait été fermé en 1995 et devrait ouvrir ses portes aux visiteurs courant novembre.

Lire aussi >> De riches découvertes dans le quartier arménien de Jérusalem

Rénové sous la houlette de l’architecte arménien franco-libanais HaroutiounBezdjian, le musée met en valeur l’histoire et le patrimoine du peuple arménien en Terre Sainte. « Pour un peuple dont l’existence a été contestée et menacée, un musée n’est pas seulement une collection d’artefacts et d’objets précieux. C’est aussi un moyen de préserver et d’enseigner notre histoire », a voulu souligner le père Arakel Aljaliandimanche.

Un écrin pour la Jérusalem arménienne

Le musée abrite des objets précieux (croix, calices, ciboires, ostensoirs, crosses, etc.),des lettres et documents officiels, ainsi qu’une petite vingtaine de manuscrits tirés de la collection de manuscrits du Patriarcat arménien, la deuxième plus grande collection au monde. L’établissement expose également des tapisseries, des rideaux d’autel, des vêtements sacerdotaux d’anciens patriarches et des tiares brodés de fils d’argent et d’or, et bien sûr des céramiques.

Réouverture du musée arménien Mardigian en présence du patriarche arménien de Jérusalem, Sa Béatitude Nourhan Manougian ©Armenian Patriarchate of Jerusalem

Tous racontent la riche histoire de la présence arménienne à Jérusalem depuis la conquête de la Palestine par le roi d’Arménie Tigrane II en 95 av. J.-C., jusqu’à la période ottomane en passant par la première forte émigration d’Arméniens vers Jérusalem au IVe siècle après que l’Arménie soit devenue le premier Etat chrétien. Une grande part est aussi consacrée au génocide arménien qui a culminé dans l’Empire ottoman en 1915-1917 et aux orphelins qui ont trouvé refuge au patriarcat arménien.

Lire aussi >> Du génocide arménien à la paix de Jérusalem

Clou du spectacle, sous une verrière majestueuse, s’étend au centre du musée une gigantesque mosaïque du VIe, découverte en 1894 dans le quartier actuel de Mousrara à Jérusalem, au nord-ouest de la porte de Damas. Elle représente une multitude d’oiseaux au milieu de grappes de raisins et de feuilles de vigne, autant de symboles qui indiquent la vie après la mort. Mesurant 6,5 x 4 mètres, elle ornait autrefois la chapelle funéraire de saint Polyeuctos, officier de la XXII Légion romaine et soldat-martyr du IIIe siècle. On peut y lire une inscription arménienne à sa base, se lisant comme suit : « A la mémoire et au salut des âmes de tous les Arméniens dont les noms sont connus de Dieu seul ».

Le prochain numéro de Terre Sainte Magazine (n°682, novembre-décembre 2022) reviendra plus en détail sur le contenu et l’origine de ce musée. Abonnez-vous maintenant pour ne pas le manquer !

Sur le même sujet