Depuis quand Terre Sainte Magazine nous fait-il visiter des mosquées ?
C’est qu’il ne s’agit pas tout à fait de n’importe quelle mosquée. Les musulmans la tiennent pour être le 3e lieu saint de l’islam après la Mecque et Médine. Et c’est à ce titre qu’ils la vénèrent et sont prêts à la défendre au prix de leur sang. Cela en vaut-il la peine ?
L’effet produit sur ceux qui pénètrent dans l’intérieur ne peut se décrire. On est saisi tout à la fois par des sentiments confus de curiosité, de respect et je dirais même de piété. Ces lignes datent de 1876, et glissent sous la plume du frère franciscain Liévin de Hamme dans son Guide-Indicateur de la Terre Sainte (2e édition).
Du frère Liévin on ne saurait dire qu’il ait eu un goût immodéré pour l’islam et les musulmans. Pas davantage le franciscain alsacien, Barnabé Meisterman, qui dans son Guide de Terre Sainte nous introduit à son tour dans la “Mosquée d’Omar”, tout en précisant que son “vrai nom est Qoubbet es Sakhra, le Dôme du Rocher”.
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Pourtant lui aussi écrit : “Après s’être chaussé de babouches, on entre dans la mosquée. Tout visiteur reste émerveillé de l’effet mystérieux, féerique, produit par le jeu des lumières dans le vaste édifice ou le luxe de décoration est loin d’affaiblir l’harmonie des lignes.”
Accès interdit
Hier comme aujourd’hui, tous les visiteurs sont ébahis. Pour ceux en tout cas qui ont la chance de pénétrer dans le Dôme. Car depuis l’an 2000 son accès est strictement interdit aux non-musulmans. Depuis qu’Ariel Sharon, alors opposant au premier Ministre Ehud Barak, décide de visiter sous haute sécurité ce que les juifs appellent le Mont du Temple, har ha Bayit. Les Palestiniens voient dans cette initiative une provocation. Elle sera l’événement déclencheur du second soulèvement palestinien appelé intifada. Jusqu’à cette date, on pouvait entrer librement dans l’édifice.
C’est pour ce rocher de 18 m sur 13 et 1,5 m de hauteur que juifs et musulmans se passionnent, au point de se battre depuis des décennies. À ce point GPS précis, leurs traditions se rencontrent et s’affrontent.
De nombreux groupes de pèlerins chrétiens montent sur l’esplanade lors de leur pèlerinage. Eux le font sur les pas du Jésus juif observant, qui se rendra régulièrement au Temple de Jérusalem (voir page 28). Il est plus rare que les guides s’attardent à expliquer ce qui fait la sainteté de ce lieu pour les musulmans et ce qui en fait la beauté pour les amateurs d’art.
Mosquée « en danger »
Pourtant, on ne saurait comprendre l’actualité de Jérusalem, les implications de la déclaration du président américain Trump quand il croit bon de revenir sur le statut de Jérusalem, sans savoir ce dont on parle vraiment. Mais les portes du Dôme du Rocher ne sont pas près de s’ouvrir aux touristes.
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D’après les Palestiniens, Al Aqsa – comprendre ici toute l’esplanade – est en danger. Et, plus menacé que tout, le Dôme du Rocher. La faute non pas au judaïsme dans son ensemble, mais à ses mouvements messianiques, encouragés par de nombreux chrétiens évangélistes. D’après eux, il faut faire place nette pour hâter la venue (ou le retour) du Messie. Place nette par la destruction des mosquées pour construire le 3e Temple (1).
Ce qui semblait une idée saugrenue aux Israéliens eux-mêmes en 1967 à la conquête de la ville a fait son chemin dans un nombre grandissant d’esprits. La plupart des juifs ne se sont peut-être pas penchés sur les questions que soulève le retour d’un temple avec ses sacrifices, mais un nombre grandissant réclame de pouvoir a minima pénétrer sur l’esplanade pour y prier (2). Ce qui l’empêche aujourd’hui n’est pas seulement la prière de non-musulmans sur l’esplanade, mais la crainte des Palestiniens que quelque déséquilibré, fanatisé par les idées messianiques, ne cherche à détruire le Dôme.
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Aussi, en attendant des jours meilleurs, Terre Sainte Magazine s’est fait ouvrir les portes pour vous. Et vous parle de cet édifice avec la passion de la découverte mais en le dépassionnant de la politique. On a marché dans le Dôme, et on vous y conduit.
(1) A lire ou à voir à ce sujet, le livre de Charles Enderlin (paru en 2013) intitulé “Au nom du Temple” (édition du Seuil) ou son documentaire éponyme disponible sur youtube.
(2) Voir 2 articles parus dans Terre Sainte Magazine (tous les 2 en ligne sur terresainte.net).
Le judaïsme contemporain et le 3e Temple – par Gabriel Abensour –
TSM 646, novembre-décembre 2016. Prière polémique : Pourquoi un juif peut-il désirer prier sur l’esplanade ? – par Gabriel Abensour – TSM 640, janvier-février 2015
Dernière mise à jour: 30/01/2024 23:27
Saint Georges, icône palestinienne
