Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Au menu du jour : du houmous en apesanteur

Christophe Lafontaine
11 février 2022
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Au menu du jour : du houmous en apesanteur
Purée de pois chiches et de tahini (purée de sésame), le houmous est un plat typique de la Terre Sainte et du Proche-Orient en général ©Nati Shohat/Flash90.

Le 19 février, des chercheurs israéliens enverront des graines pois chiches sur la station spatiale internationale, pour culture. Un houmous galactique pourrait alors voit le jour et s’ajouter au régime des astronautes.


Il est un fait, les recettes de houmous font voyager… même très loin. En effet, un projet conjoint israélien avec la Nasa, « Space Hummus » vise à faire cultiver des pois chiches en apesanteur, a fait savoir cette semaine la Jewish Telegraphic agency. Et donc faire du houmous made in space qui pourrait dès lors faire partie des repas des astronautes.

Quand on sait la passion qu’ont les habitants de la Terre Sainte et du Proche-Orient pour le houmous, et le défi que représente un approvisionnement alimentaire durable pour les missions longues des astronautes, le sujet mérite qu’on s’y arrête.

A ce jour, la plupart des aliments sont déshydratés ou scellés sous vide en raison du manque d’espace de réfrigérateur sur la Station spatiale internationale. Mais puisque la Nasa prévoit des missions pour aller plus loin dans l’espace, elle a exploré ces dernières années la production d’aliments frais qui nécessite un minimum de ressources et entraîne un minimum de déchets.

Lire aussi >> Teta’s Kitchen : la Palestine racontée par ses recettes de grand-mère

C’est ainsi que la Station spatiale internationale est dotée, déjà depuis des années, d’un « jardin spatial », appelé Veggie où trois types de laitue, de la moutarde mizuna, du chou chinois et du chou frisé russe ont poussé dans l’espace. Elle n’a cependant jamais essayé de cultiver des pois chiches pourtant extrêmement riches en protéines, en glucides et en vitamines, tout en étant très rassasiants. Un pedigree qui les rend idéaux pour la culture spatiale.

Une source de nourriture durable dans l’espace

Yonatan Winetraub, 35 ans, en plus de raffoler du houmous, cette purée de pois-chiches mélangée avec de la crème de sésame, du jus de citron et de l’huile d’olive, dans laquelle nul ne résiste à tremper un morceau de pita, qui plus est quand elle est chaude et tendre, est l’un des trois fondateurs de SpaceIL, une organisation israélienne à but non lucratif connue pour avoir tenté de faire atterrir un vaisseau spatial sur la lune – le vaisseau Bereshit – en avril 2019.

Ce grand gourmand et grand scientifique, a décidé de s’allier avec la Nasa, pour envoyer des pois chiches dans la Station spatiale internationale. Parce que les pois-chiches, en plus de leur haute valeur nutritive sont faciles à cultiver et mûrissent rapidement. Ils peuvent pousser à des températures chaudes ou froides, ou dans des conditions que certains pourraient considérer comme extrêmes. L’espace l’est pour le moins. Loin du sol, des ressources naturelles et de la lumière naturelle, les conditions extrêmes sont sans précédent qui plus est, dans un environnement exempt de gravité.

Le 19 février, Yonatan Winetraub et une équipe de scientifiques et d’ingénieurs d’Israël et de l’Université de Stanford enverront donc une serre miniature scellée sur une navette cargo de la Nasa. Après une journée de voyage, la navette atteindra la Station spatiale internationale (ISS), située à 482 kilomètres au-dessus de la Terre. 

Lire aussi >> Manger, boire, vivre et prier!

Le projet « Space Hummus » testera des techniques hydroponiques, c’est-à-dire testera la culture de plantes réalisée sur un substrat neutre et inerte irrigué d’un courant de solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels aux plantes afin de favoriser la croissance des dites plantes en apesanteur et sans ensoleillement. Et pour devenir in fine une source de nourriture durable dans l’espace.

La serre, de la taille d’un petit carton de lait, sera livrée du côté américain de la Station spatiale internationale. Des caméras à l’intérieur de la serre miniature permettront de visualiser et de contrôler à distance les lumières LED utilisées pour fournir des nutriments aux pois chiches.

La Lune, bientôt le restaurant étoilé du houmous ?

Comme les graines ne pousseront pas dans le sol, Yonatan Winetraub et son équipe ont demandé au Haifa Group, spécialisé dans les solutions technologiques avancées pour l’agriculture de précision, de fournir, en lieu et place de terreau, un gel spécial rempli de nutriments dans lequel les racines de pois chiches pourront se développer.

Depuis la terre, les scientifiques devront gérer à distance la croissance des plantes dans l’espace avec des longueurs d’onde de lumière, l’un des outils d’un domaine scientifique émergeant appelé biologie synthétique. Les plantes de la serre seront cultivées pendant un mois, puis seront réfrigérées jusqu’à ce qu’elles soient renvoyées sur Terre en juin afin que les chercheurs puissent mesurer les résultats.

« Le défi n’est pas seulement de savoir comment cultiver autant de pois chiches que possible [ndlr : dans l’espace], mais comment contrôler la façon dont ils sont cultivés afin de maximiser nos ressources limitées. Plus nous apprendrons à cultiver de la nourriture avec moins de ressources, plus nous serons préparés aux défis qui nous attendent également sur Terre », conclut enthousiaste à la Jewish Telegraphic agency, Yonatan Winetraub.

En plus des 28 graines de pois chiches dorés envoyés dans l’espace pour germer, l’équipe a installé une micropuce à l’intérieur de la petite serre contenant une recette pour faire du Houmous ! Qui sait si manger du houmous sur la table de la Lune est pour bientôt, sous les étoiles ?

Sur le même sujet