Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Jérusalem sonne et fait tomber les murs

Fr. Alberto Pari Chargé du dialogue œcuménique et interreligieux, custodie de Terre Sainte, Jérusalem
30 novembre 2019
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Dans la douceur des nuits d’août, la musique résonne dans la vieille ville de Jérusalem. Les plus belles cours se remplissent de visages, sous les doigts d’artistes venus de toute l’Europe les cordes vibrent aux plus belles mélodies et une nouvelle énergie se répand. C’est cela, Sounding Jerusalem (Jérusalem en musique). Le projet musical est né il y a plus de dix ans à l’initiative de deux artistes autrichiens, Erich Oskar Huetter et sa partenaire Tanja Schmid, du désir d’apporter musique et créativité dans la vieille ville, mais surtout de la faire vivre en activant des dynamiques nouvelles et audacieuses. Le premier festival fut un succès et a impulsé à la ville sainte une nouvelle vitalité pour plusieurs années, permettant de créer de nouveaux contacts surtout entre les habitants locaux et les institutions des différentes Églises ; un projet œcuménique, interreligieux et interculturel à 360 degrés. Au bout de quelques années les fonds pour soutenir le festival ont disparu et tout est resté en suspens, comme le faible son d’une corde pincée qui s’amenuise. Cependant il suffisait de pincer cette corde pour la faire vibrer, elle ne pouvait pas s’arrêter. Erich et Tanja sont donc revenus à Jérusalem il y a trois ans pour explorer la possibilité de relancer le festival. En tant que directeur du Magnificat (le conservatoire de la custodie), je les ai accueillis avec enthousiasme. Le Magnificat collabore avec Sounding Jerusalem depuis lors et cette année aussi s’avère être une expérience unique. Sounding Jerusalem est un projet européen de musique de chambre de la plus haute qualité artistique, réalisé pour la première fois l’été 2006. Depuis le festival a suscité à six reprises de grandes émotions dans la vieille ville. L’objectif de cette série de concerts est de promouvoir la musique de chambre classique innovante dans des environnements stimulants, ainsi que le dialogue interculturel qui contribue à la rencontre, à l’interaction et à la communication respectueuse entre les peuples d’Europe et du Moyen-Orient. Il s’agit d’un festival de musique pour les habitants de Jérusalem et des environs, quelle que soit leur appartenance ethnique, sociale et religieuse. Pour toutes ces raisons le Magnificat et la custodie de Terre Sainte ne pouvaient qu’en faire partie ! Certains élèves de notre école ont la possibilité de participer à un atelier musical proposé par des musiciens professionnels ; à la fin de la semaine, ils participent à un concert avec les mêmes musiciens. Le festival permet à de nouvelles amitiés et collaborations d’éclore et je crois que la composante la plus audacieuse du projet est que des musiciens de différents pays européens, des artistes locaux, palestiniens et israéliens, travaillent ensemble pour créer des soirées uniques où la musique et les gens sont les protagonistes. Sans oublier les divisions et les défis que vit cette Terre quotidiennement ; il s’agit de faire des choix réels et sincères pour élever des ponts et non des barrières.
Pendant une semaine, c’est l’effervescence logistique pour gérer le festival… Répétitions sur répétitions, mise en place d’espaces pour les concerts, lumières, repas, déplacements dans les ruelles et les escaliers de la vieille ville pour atteindre des endroits inexplorés où faire de la musique, en transformant l’atmosphère déjà particulière des lieux. La fête se termine toujours le regard tourné vers l’avenir pour que la musique, quelle qu’elle soit, continue à vibrer à Jérusalem. ♦

Dernière mise à jour: 09/04/2024 13:42

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