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Marie-Armelle Beaulieu : « Le numéro du centenaire a été pensé comme un cadeau »

Cécile Lemoine
5 janvier 2021
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Marie-Armelle Beaulieu : « Le numéro du centenaire a été pensé comme un cadeau »

La rédactrice en chef de Terre sainte magazine revient sur le contenu du numéro spécial, à paraître en février. Petit aperçu et explications de ce que vous pourrez y lire.


Il y a cent ans, la Terre sainte publiait son tout premier numéro. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Beaucoup de joie. Ce n’est pas si fréquent qu’une revue ait cent ans. De l’émerveillement aussi. Notre raison d’être est restée la même – faire aimer la Terre sainte et ses habitants. Ce sont ces territoires et leurs peuples qui ont changé. La revue a été témoin de cette évolution, et pouvoir la raconter aujourd’hui représente aussi une leçon d’humilité : on n’est qu’un maillon dans l’histoire du magazine.

Comment ce numéro spécial a-t-il été pensé ?

On a voulu marquer le coup et offrir à nos lecteurs, avec ce magazine, un objet de qualité qu’ils pourront conserver. Le numéro du centenaire a été pensé comme un cadeau. Cent ans, ce seront cent pages de retour dans l’histoire. Pas de manière chronologique, mais thématique. On s’est demandé qu’elles étaient les constantes du magazine depuis 100 ans. On fait aimer la Terre sainte en suivant cinq sujets de manière régulière : l’histoire du pays, les découvertes archéologiques, les peuples et les cultures, le dialogue de l’Église avec les autres confessions, et enfin les pèlerinages. Chacun aura donc sa place dans ce numéro, avec une emphase particulière sur l’histoire, à la fois de la revue (quand même c’est son anniversaire!) et de la région au moment de sa naissance.

Vous republiez des articles du début du 20e siècle. C’est important pour comprendre l’évolution de la région ?

Tout à fait. Ces textes, publiés dans les années 1920, 1930 ou 1950, permettent de souligner des moments charnières. Ils offrent aussi un aperçu des mentalités de l’époque et du regard porté sur les habitants de la région. Jusque dans les années 1930, les rédacteurs de la revue cherchent à retrouver, dans les peuples qui les entourent, les héritages et les modes de vie tels que les aurait connus Jésus.

Une grande place est laissée à la photo. Que vont-elles raconter ?

Ce numéro est exceptionnel aussi parce que 90% des photos sont issues d’archives datant des années 1900 à 1935. Elles seront donc en noir et blanc. C’est un choix délibéré. Le lecteur va pouvoir redécouvrir les lieux qu’il connaît tels qu’ils étaient il y a cent ans. Il est parfois difficile de les reconnaître, mais cela ne fait que révéler l’ampleur de l’évolution de la région. On le constatera dès la page 4 du magazine. Deux prises de vues de Jérusalem s’y confrontent : d’un côté une vueérienne de la ville sainte en 1922, alors qu’elle n’est peuplée que de 62 000 habitants et ne se cantonne qu’au kilomètre carré de la vieille ville. De l’autre, Jérusalem vue du ciel de nos jours : 900 000 habitants sur 125 km2. Cette explosion démographique, la revue en a été témoin.

En vous replongeant dans les différents numéros, qu’avez-vous redécouvert ?

J’ai redécouvert l’évolution du regard chrétien sur les juifs, le judaïsme et le sionisme – un  sujet qui mériterait une recherche universitaire à part entière. Des touches d’antisémitisme existent dans la revue au début du 20e siècle avant de progressivement disparaître. La relation avec les chrétiens orientaux est tout aussi passionnante à relire. Au début, c’est clair, ils sont considérés comme des schismatiques. Ils passent ensuite du statut de dissidents, à celui de séparés, avant de devenir l’Église sœur. Ces évolutions sont stupéfiantes à regarder. Il faut aussi souligner la qualité des articles archéologiques. Les franciscains sont parmi les premiers à fouiller les lieux saints et la revue reçoit la primeur de leurs découvertes.

Le Terre sainte magazine d’aujourd’hui est très différent de la revue des débuts. Quels changements sont à prévoir pour les années à venir ?

C’est surtout la forme de la revue qui a évolué. Les religieux ont laissé place à des journalistes professionnels, ce qui s’est accompagné d’un changement de ton. Notre objectif reste le même : faire découvrir et aimer la Terre sainte. Les prochaines années vont être concentrées sur le développement d’abonnements numériques et la numérisation des anciens numéros. On fait entrer la revue dans le XXIe siècle.

Pour commander le numéro ou s’abonner pour 1 an avec le numéro du centenaire : c’est ici 

 

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