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Vaccins anti-Covid, la Terre Sainte à deux vitesses

Nello Del Gatto
7 mars 2021
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Vaccins anti-Covid, la Terre Sainte à deux vitesses
Dose de vaccin anti-Covid prête à être inoculée à Tel-Aviv, le 14 février 2021. (Photo Tomer Neuberg/Flash90)

Israël envisage l'avenir avec une certaine confiance et un assouplissement des restrictions, grâce à une campagne de vaccination efficace. Dans les Territoires palestiniens, cependant, les doses de vaccin disponibles sont encore peu nombreuses et mal réparties.


« La Covid-19 est derrière nous ». C’est ce qu’a récemment déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une interview avec une chaîne de télévision américaine. De son côté, les données sont positives en Israël : environ 85% des plus de 16 ans ont été vaccinés avec la première dose, ou ont vaincu la maladie (si l’on considère la population totale, jeunes et adultes confondus, 53% sont vaccinés au moins avec la première dose – ndlr).

Ainsi, pour la première fois depuis décembre, le nombre de personnes gravement hospitalisées est tombé à 700. En janvier, on a compté plus de 1 000 décès et 1 200 patients dans un état grave, principalement en raison de l’arrivée du variant anglais, qui a rapidement propagé le virus alors qu’il semblait avoir ralenti. Fin décembre, pour faire barrage, le gouvernement a imposé un nouveau confinement, levé depuis quelques semaines.

Israël entre réouverture et prudence

Vient maintenant la décision d’ouvrir à partir du 7 mars les hôtels, les restaurants et les écoles aux personnes vaccinées à qui ont été délivrés des passeports verts. Même l’aéroport va rouvrir, malgré de nombreuses limitations et les critiques de ceux qui pensent que cela mènera à un quatrième confinement.

Les étrangers seront toujours interdits d’entrée dans le pays, tandis que 3 000 Israéliens par jour pourront entrer sans autorisation, en provenance d’aéroports sélectionnés (New York, Paris, Francfort et Londres), en effectuant une quarantaine et en étant soumis aux tests, même s’ils ont été vaccinés à l’étranger. Pour la quarantaine, ils devront se rendre dans un « hôtel Covid ». S’ils tiennent vraiment à la vivre chez eux, ils devront alors porter un bracelet électronique.

Les défis restants

Aussi, le passeport vert présente encore ses inconvénients, car le site du ministère de la Santé et l’application associée ne reconnaissent toujours pas les passeports des résidents étrangers. La campagne de vaccination se poursuit à un rythme soutenu, bien que certaines communautés soient toujours à risque parce qu’elles sont réfractaires ou dans l’impossibilité de se faire vacciner. Les Arabes israéliens, avec « seulement » 64% de personnes vaccinées ou guéries, sont en tête de ce classement spécial, tandis que plus de 7 juifs ultra-orthodoxes adultes sur 10 ont reçu la première dose de vaccin ou ont vaincu la maladie.

La question des enfants de moins de 16 ans (plus de 25% de la population israélienne) est plus préoccupante. En fait, 50% des personnes les plus récemment infectées font partie de cette catégorie, actuellement exclue de la vaccination. C’est pourquoi certains centres de recherche effectuent des tests de vaccination sur des enfants âgés de 12 à 16 ans afin de vérifier l’efficacité du vaccin et éventuellement de leur inoculer en mai. Sans le vaccin, les plus jeunes sont exclus des avantages du passeport vert, même s’ils sont accompagnés d’adultes vaccinés.

La Palestine lutte

En revanche, le dossier palestinien est plus complexe : la campagne de vaccination ne décolle pas et il y a des protestations. Israël a annoncé que le 7 mars, commencerait la vaccination de 120 000 Palestiniens ayant un permis de travail en Israël, alors que dans les Territoires, on vaccine peu et mal. À ce jour, à Ramallah – siège du gouvernement de l’Autorité palestinienne – 12 000 doses de vaccin sont arrivées : 2 000 données par Israël et 10 000 achetées à la Russie. Tandis que dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, 20 000 doses sont arrivées, données par les Émirats arabes unis. Les doses promises par d’autres pays, dont l’Inde, ou celles qui devraient arriver dans le cadre du plan Covax de l’Organisation mondiale de la santé, tardent encore.

Vaccinations et corruption

Entre-temps, une controverse a éclaté sur la gestion des vaccins à Ramallah, après qu’il ait été découvert que 10% des doses arrivées en Cisjordanie étaient destinées aux footballeurs de l’équipe nationale palestinienne, aux membres du gouvernement, aux hauts fonctionnaires et aux membres du Fatah ainsi qu’aux représentants de l’Organisation de libération de la Palestine. Les 90% restants auraient été donnés au personnel de la santé. Deux cents doses ont toutefois été données et envoyées au gouvernement jordanien. De nombreuses organisations de défense des droits civils ont protesté contre ce choix du gouvernement de Ramallah, qu’elles ont qualifié de honteux et qui, selon elles, démontre une fois de plus à quel point le gouvernement palestinien est corrompu.

Dans un sondage réalisé en décembre dernier, 86% des personnes interrogées ont estimé que le gouvernement de Ramallah était corrompu. Les doses en Cisjordanie n’ont pas encore atteint les personnes âgées (plus de 65 ans) qui, selon les statistiques, représentent 3,4% de la population, tandis que 4,7% ont entre 55 et 64 ans.

Sur les réseaux sociaux, une campagne de protestation gagne du terrain avec le hashtag #WhereIsTheVaccine. La situation est très difficile : pour la seule journée du 4 mars, le gouvernement a annoncé un pic record de 2 300 nouveaux cas (216 802 en tout) et 18 victimes (2 314 au total). À la lumière de ces chiffres, le gouvernement de Ramallah a décidé de fermer les écoles et s’oriente vers un nouveau confinement.

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