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Les antivaccins, les premiers et les derniers

Francesco Pistocchini
10 août 2021
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Les antivaccins, les premiers et les derniers

Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord souffrent autant que les autres de la propagation du Covid-19. Mais entre Israël – longtemps resté le champion du monde en termes de doses de vaccin administrées – et la Syrie déchirée par la guerre, aucune autre région du monde ne répond avec une telle diversité dans les campagnes de prévention et de contrôle.

Dans les seuls pays arabes, au moins 7 millions de personnes ont été infectées jusqu’à présent. Le nombre de morts, mesuré par rapport à 1 million d’habitants, varie considérablement : au 23 juin, on comptait 7 829 morts au Liban, 9 683 en Jordanie, 83 217 en Iran, 6 428 en Israël. Officiellement, ils sont beaucoup moins nombreux : 7 691 seulement en Arabie Saoudite et 15 935 en égypte. Mais les chiffres ne sont pas homogènes, notamment dans les pays de la région qui sont en guerre et où la lutte contre le virus n’est pas une priorité.

Des situations sécuritaires, des conditions de revenus, des structures sanitaires et des choix politiques très différents rendent la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord extrêmement hétérogène par rapport à la pandémie en cours. Le PIB par habitant, par exemple, varie de près de 100 000$ au Qatar à moins de 2 000$ au Yémen.

Ces différences se reflètent également dans les campagnes de vaccination contre le virus. La zone qui s’étend du Maroc à l’Iran comprend le pays des vaccinations record, les émirats Arabes Unis (EAU), et le Yémen, qui n’a reçu qu’en mai les premiers approvisionnements en flacons grâce au plan Covax, l’initiative mondiale qui vise à rendre les vaccins accessibles également aux pays pauvres ou en développement (au moins pour le personnel de santé).

Il semble, d’après certaines études, que les pays arabes aient le plus faible niveau de confiance dans les vaccins au monde.

Comme le montre le tableau de gauche, à la fin du mois de juin, un total de 123 injections pour 100 habitants ont été administrées en Israël ; 60 Israéliens sur 100 ont reçu le rappel. Au Bahreïn, 53 % de la population est totalement vaccinée, contre 44 % au Qatar, et environ 20 % en Turquie et au Maroc.

Une comparaison des données de tous les pays n’est pas possible car certains ne communiquent que le nombre total de vaccins administrés – 149/100 aux émirats arabes unis (EAU), 48 en Arabie Saoudite, et un peu plus de 15 dans les Territoires palestiniens – et le nombre de personnes ayant terminé le traitement n’est pas connu.

Lire aussi >> La vaccination débute enfin dans les territoires palestiniens

Le haut du tableau des campagnes de vaccination moyen-orientales est tenu par les EAU, qui ont doublé Israël courant mai, et Malte. Les riches Bahreïn et Qatar ont rattrapé leur retard ces dernières semaines. Plus loin, vient un groupe de pays comprenant la Turquie, le Maroc et l’Arabie Saoudite, suivis de près par la Jordanie. En bas du tableau, on trouve les pays les plus instables, comme les Territoires palestiniens, la Syrie, la Libye, le Yémen ou encore l’Irak. Même s’ils reçoivent des doses par l’intermédiaire du dispositif Covax, ils n’ont pas toujours les structures pour lancer une campagne efficace.

La géopolitique de la pandémie a généralement divisé entre les vaccins “orientaux”, fabriqués en Russie et en Chine, et les vaccins “occidentaux”, fabriqués en Europe et en Amérique du Nord. Le choix de différents vaccins reflétait souvent les préférences politiques. Les EAU et le Maroc se sont appuyés sur des industries chinoises (Sinopharm), tout comme la Turquie avec Sinovac. La même ligne a été suivie par l’Irak, l’Algérie et l’Égypte, avec des chiffres beaucoup plus faibles. Des doses de Sputnik V russe ont été distribuées aux alliés de Moscou, la Syrie et l’Iran ; ce dernier a également importé des vaccins de Chine et d’Inde, tandis que la campagne menée en Israël s’est principalement appuyée sur les flacons Pfizer-Biontech et Moderna, brevetés aux États-Unis et largement produits en Europe. Pour compliquer la situation, il semble, d’après certaines études (graphique ci-dessus), que les pays arabes aient le plus faible niveau de confiance dans les vaccins au monde.

Dernière mise à jour: 10/04/2024 14:30

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