A l’heure où le secteur du tourisme tente de rebondir après la pandémie de coronavirus, le 8e congrès sur la pastorale du tourisme religieux s’est tenu dans la ville espagnole de Saint-Jacques-de-Compostelle la semaine dernière.
L’évènement était placé sous les auspices du Saint-Siège en coopération avec la Conférence Episcopale Espagnole (CEE) et l’Archevêché de Saint-Jacques-de-Compostelle, sous le slogan : « Tourisme et Pèlerinage : Chemins d’Espoir ». Trente-cinq intervenants ont partagé leurs réflexions et expériences dans différentes parties du monde.
Parmi eux, le cardinal Leonardo Sandri, préfet du Dicastère pour les Eglises orientales, a – par visioconférence – axé sa réflexion sur le « sens et la valeur du pèlerinage dans la foi et la vie des Eglises orientales », a rapporté Vatican News.
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Prenant comme point de départ la figure d’Abraham, le Cardinal a déclaré que « l’image du pèlerinage comme sortie de sa propre terre n'[était] pas loin de notre époque, encore moins étrangère à nos yeux ». Le cardinal a ainsi évoqué différents exodes que les fidèles de certaines Eglises orientales ont vécus dans le passé et continuent de vivre aujourd’hui et qui font qu’ils sont devenus « de véritables pèlerins dans ce monde, une figure et un reflet de la vie itinérante d’Abraham ».
Les Eglises orientales : « pierres vivantes »
Il faut être conscient, a par ailleurs estimé le prélat, que les Eglises orientales sont traditionnellement des terres de pèlerinage. « Pensons à l’Eglise de Jérusalem, a-t-il dit, qui a la grâce de garder les lieux de la présence historique du Christ sur cette terre ».
De même, « nous ne pouvons pas oublier que les membres des Eglises d’Orient ont aussi la particularité de vivre avec de grandes et très anciennes traditions qui font du pèlerinage un aspect unique et distinctif ». En témoignent, a-t-il énoncé, « le pèlerinage des fidèles musulmans à la Mecque ou le retour de nos frères aînés dans la ville sainte de Jérusalem ».
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A l’aune de tout cela, le cardinal Sandri a estimé que les Eglises orientales étaient « les gardiennes des objectifs des pèlerinages ». Mais gare à ne pas faire uniquement mémoire, a-t-il prévenu. Il faut aussi rendre grâce pour les chrétiens du Moyen-Orient et les aider, a-t-il affirmé, parce qu’en tant que gardiens de ces lieux, ils « sont les pierres vivantes qui maintiennent debout l’édifice de l’Eglise et de l’Evangile, sur des terres déchirées par la guerre, la douleur et l’injustice ».
Leonardo Sandri a également souligné que dans la région, le pèlerinage avait aussi « une dimension typique » puisqu’il est « un signe de communion entre fidèles orientaux et occidentaux ». Qui plus est, du fait de la situation actuelle, le pèlerinage offre aussi pour certains frères orientaux en diaspora la possibilité de revenir sur leur terre d’origine et d’entretenir les liens avec leurs familles ou amis restés sur place en Israël-Palestine, Egypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie ou encore Turquie.
« Des étrangers dans leur pays »
Le Patriarche latin de Jérusalem, présent au congrès, a – pour sa part – rappelé que la route de Jérusalem était la plus longue route internationale et culturelle de pèlerinage et de paix au monde. Devant notamment le « Camino de Santiago » et la Via Francigena vers Rome et S.B. Pizzaballa a aussi mis en avant que Jérusalem était « le cœur de la Terre Sainte », « la synthèse de l’action de Dieu pour le bien de toute l’humanité », autrement dit « le lieu par excellence ».
Dans un discours basé sur des citations bibliques, il a évoqué les origines du pèlerinage, quand les Juifs qui ne vivaient pas à Jérusalem devaient se rendre en pèlerinage dans la ville sainte trois fois par an, et comment ce pèlerinage et comment les premiers judéo-chrétiens avaient repris cette tradition.
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Le patriarche a en outre évoqué la situation actuelle des chrétiens en Terre Sainte, qui souvent sont « des étrangers dans leur propre terre » au milieu des deux majorités juive et musulmane. En marge du congrès, dans une interview à l’archevêché de Compostelle, il a d’ailleurs expliqué qu’à Jérusalem « la coexistence entre les religions [était] pratiquement impossible à l’heure actuelle, car les religions représentent l’outil dont se sert la politique pour marquer les différences entre les unes et les autres ».