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Noam et l’expérience inattendue avec le Covid-19

Giulia Ceccutti
14 mai 2020
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Noam et l’expérience inattendue avec le Covid-19
Noam à l'hôpital Hadassah de Jérusalem pendant son traitement pour le Covid-19.

Elle n'avait pas imaginé cotoyer d’aussi près le coronavirus pendant sa tournée américaine. De retour chez elle plus tôt, Noam s’est retrouvée à endosser le rôle de patiente (de manière pas trop grave). Une expérience inattendue à bien des égards pour cette jeune comédienne qui est née et a grandi à Neve Shalom Wahat al-Salam, en Israël.


« Un voyage fou ». Trois mots pour définir son expérience en tant que victime du Covid-19. Ces mots sont choisis par Noam Shuster Eliassi, une humoriste et militante israélienne de 32 ans que les lecteurs de Terresainte.net connaissent déjà.

Nominée en 2018 à Londres New Jewish Comedian of the Year (Meilleur nouveau comédien juif de l’année) et première actrice juive à monter sur scène au Palestine Comedy Festival la même année, Noam, qui se produit en hébreu, en arabe et en anglais, a toujours naturellement évolué entre le monde juif et le monde arabe. En cherchant à « les maintenir ensemble ».

Son voyage dans la maladie commence en avril, lorsqu’elle retourne en Israël après une période chargée de spectacles et d’événements aux Etats-Unis. De l’université de Harvard à la scène du Kennedy Center à Washington, prévue pour le mois de mai : un rêve devenu réalité et brusquement interrompu par le déclenchement de la pandémie.

De retour chez elle, dans le village de Neve Shalom Wahat al-Salam (la seule communauté en Israël aujourd’hui dans laquelle des familles juives et arabes de citoyenneté israélienne vivent ensemble par choix), les symptômes du coronavirus, l’essoufflement et l’inquiétude. Puis une hospitalisation à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, 24 heures sous oxygène, et enfin, la sortie, le transfert au Dan Hôtel, sur les pentes du mont Scopus, pour la quarantaine. En Israël, il existe une dizaine d’hôtels dits Corona hotels : des hôtels – contrôlés par l’armée – qui accueillent des patients atteints du Covid-19 avec des symptômes bénins, qui sont autorisés à se voir, ou des citoyens qui reviennent de l’étranger pour deux semaines d’isolement.

La cohabitation inhabituelle

« Dès que je suis arrivée à l’hôtel, on m’a dit qu’il y avait un cours de Zumba dans le hall. C’est là que j’ai réalisé que j’étais dans un endroit vraiment bizarre et particulier », raconte Noam. Et de fait, c’était vraiment particulier. Juifs et Palestiniens, orthodoxes et laïcs, des gens avec différentes histoires derrière eux, de diverses classes et franges de la population : tous ensemble, du matin au soir, luttant pour guérir du même mal. Il n’y a aucun conflit – manifeste ou latent – et aucune dynamique de pouvoir qui caractérisent habituellement la vie sociale en Israël.

Un piano dans le hall d’entrée, toujours investi par quelqu’un, à toute heure, pour le plaisir de petits ou grands groupes d’auditeurs. Des bénévoles mettant gratuitement leurs compétences à disposition : du professeur de yoga au coiffeur. Mais surtout, de nombreux petits gestes spontanés de solidarité et d’entraide.

« C’était une situation extrême – poursuit Noam – il n’y avait pas de racisme, d’attitudes intolérantes ni de haine qu’habituellement, on respire malheureusement ici. Les clients de l’hôtel étaient tous concentrés sur la maladie, et je pense qu’elle a permis de faire émerger chez les gens – d’une façon totalement inattendue pour moi – le sentiment de compassion. C’est parce que nous avions tous un seul ennemi commun : le virus.

Rire pour guérir

Nous avons demandé à Noam de citer un épisode qui lui a particulièrement plu. Elle nous raconte en riant un jour où elle et une amie ont eu une sorte de choc en réalisant que tout allait bien : « Il n’y avait pas de tensions, nous n’avions pas de problèmes. Alors avec cette amie, nous avons mis en scène une vraie dispute dans le hall, et c’était très amusant ».

En deux semaines, Noam s’est produite deux fois – malgré un peu de fatigue vocale – devant le public mixte du Dan Hotel. Faire rire les autres, conclut-elle, a été sans aucun doute son meilleur remède.

Noam a raconté son expérience insolite de quarantaine communautaire à la chaîne Cnn. Cliquez ici pour voir le reportage en anglais.

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