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Quand nos « Nouvelles de Palestine » racontaient le séisme de 1927

Rédaction
7 février 2023
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Quand nos « Nouvelles de Palestine » racontaient le séisme de 1927
Monastère russe de l'Ascension sur le mont des Oliviers où trois personnes ont été tuées. Sur la porte en fer à gauche, on peut lire : РУССКАЯ ДУХОВНАЯ МИССИЯ (Mission Ecclésiastique Russe) ©American Colony/Library of Congress

Alors que le bilan des séismes en Turquie et Syrie ne cesse de s'alourdir, celui de 1927 - le plus important du siècle dernier en Terre sainte - est encore dans les esprits. Notre magazine s'était fait l'écho de la catastrophe, avec ce ton qui lui était si particulier. Un saut dans le temps comme un instantané en noir et blanc.


Les violents tremblements de terre du 6 février qui ont touché le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie ont causé la mort de plus de 5 000 personnes, des dizaines de milliers de blessés et des destructions immenses. Alors qu’Israël s’attend depuis quelques années à subir un séisme de cette intensité, celui du 11 juillet 1927, le plus important du siècle dernier, est encore dans les mémoires.

Les secousses avaient alors atteint 7,5 sur l’échelle de Richter, et plus de 250 personnes avaient trouvé la mort en Palestine mandataire et en Transjordanie (Jordanie actuelle). L’épicentre du séisme se trouvait dans la zone nord de la mer Morte, en plein sur la faille sismique du grand Rift . Les villes de Jérusalem, Jéricho, Ramle, Tibériade et Naplouse ont été lourdement endommagées.

Alors âgées de 6 ans, la revue la Terre Sainte et sa rubrique « Nouvelles de Palestine », fidèles à leur habitude de chroniquer les évènements qui se déroulent dans la région, se sont fait l’écho de la catastrophe dans les numéros d’août et de septembre 1927. Les extraits qui racontent les évènements sont ici retranscris tels quels.

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Ils donnent un aperçu de la manière dont les rédacteurs franciscains de l’époque racontaient l’actualité. Les points sur lesquels ils se focalisaient : un détail exhaustif des bâtiments endommagés, une prise en considération un peu plus nette des villes et des monuments chrétiens, une succulente anecdote liée au status quo entre les Eglises du Saint-Sépulcre… Le vocabulaire est d’ailleurs à remettre dans son contexte historique : le nom « schismatique », employé pour désigner les Grecs-Orthodoxes, témoignent de relation qui sont loin de l’oecuménisme dans les années 1920.

Nouvelles de Palestine – Août 1927

Tremblement de terre en Palestine – Voici quelques détails qui prouvent la gravité de ce mouvement sismique, quoi qu’il n’est pas été possible de relever tous les dégâts.

De nombreux édifices ont subi des lésions sérieuses. Plusieurs devront être complètement démolis et la plupart nécessiteront d’importantes réparations. La coupole qui surmonte le choeur des Grecs au Saint Sépulcre s’est fendue. Le Palais du gouvernment, où réside le Haut commissaire britannique, a été si fortement éprouvé qu’il est devenu inhabitable. La tour qui le flanque menace de s’écrouler. Une domestique russe y a trouvé la mort.

La tour des russes est encore debout, mais pleine de crevasses et on craint sa ruine complète. Un des minarets de la mosquée d’Omar est gravement endommagé. Des fondrières se sont creusées sur la route de Jéricho. Au monastère arménien Saint-Jacques, plusieurs arcs se sont écroulés, de même que le sommet de la tour de David.

 

Le nouveau quartier juif de la ville a été particulièrement éprouvé. L’université juive, sa bibliothèque, l’Institut d’études hébraïques ont particulièrement souffert. Les secousses furent si violentes que beaucoup de personnes furent projetées hors de leur lit. Dans le quartier russe, trois colonnes d’une église ont été renversées et la coupole n’est plus soutenue que par quatre colonnes. La synagogue du quartier Betisraël s’est effondrée.

A Bethléem, une grande crevasse s’est ouverte dans le mur de la basilique, en face de la porte arménienne ; le couvent arménien est croulant. Les nouvelles qui arrivent de la Samarie, de la Judée et de la Transjordanie sont particulièrement inquiétantes. On annonce plus de 100 morts et de 1 000 blessés.

A Tibériade, la synagogue s’est écroulée. A Hébron, presque toutes les maisons ont subi de sérieux dommages. On y compte 4 morts.

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La ville la plus éprouvée est Naplouse. Sur deux rues, les maisons sont entièrement détruites, 60 tués et 250 blessés. Des milliers de personnes sont sans abri.

A Ramleh, 12 morts et 25 blessés. A Lydda, 30 morts et 70 blessés. A Jéricho, l’hôtel Winter-Palace s’est écroulé et a enseveli 3 touristes indiens.

En Transjordanie, les secousses ont été fort violentes. La ville d’Amman compte 36 tués. A Maan, il y aurait plus de 100 morts.

Un don du pape – Rome, 18 juillet. Sa Sainteté le Pape a envoyé cinquante mille lire au Patriarche de Jérusalem, comme premier don pour secourir les victimes du tremblement de terre.

La coupole du Saint-Sépulcre – On sait déjà que la coupole qui recouvre le choeur des Grecs schismatiques a été sérieusement endommagée par le récent séisme. Les ingénieurs appelés à examiner les dégâts ont estimé que les réparations devaient se faire le plus rapidement possible, pour éviter les effondrements.

En conséquences, le patriarche Damianos a télégraphié au Président de la République Hellénique pour lui demander l’aide du gouvernement d’Athènes pour la réfection de la coupole. Aussitôt informé de cette démarche, le gouvernement britannique a demandé à son ambassadeur à Athènes de déconseiller au gouvernement grec de donner suite à l’invitation du patriarche.

La coupole qui surmonte le choeur des Grecs au Saint Sépulcre s’est fendue sous les accoups©American Colony/Library of Congress

 

De son côté, le Haut-Commissaire de Jérusalem a rappelé avec beaucoup de sagesse et de prudence que le Saint-Sépulcre étant la propriété de toutes les communautés chrétiennes, aucune réparation ne pouvait y être faite que par la contribution de toute la chrétienté ; cela dans le but de maintenir l’égalité des titres de propriétés entre les divers rites.

Nouvelles de Palestine – Septembre 1927

Les tremblements de terre en Palestine – Détails complets et officiels. Son altesse Prince Omar Tousson d’Egypte qui a eu l’initiative de réunir un comité pour aider les sinistrés de Palestine, vient de recevoir du Haut-Commissaire de Palestine une lettre les remerciant de l’esprit de charité dont il a fait preuve une fois de plus, et remerciant également les membres du Comité et les généreux donateurs. Cette lettre donne les détails complets sur les conséquences du tremblement de terre.

Fissures profondes dans le sol près de la mer Morte après le tremblement de terre du 11 juillet 1927 ©American Colony/Library of Congress

 

Les statistiques officielles indiquent que 269 personnes sont mortes. Il y a eu également 806 blessés. A côté de ces deuils, les ruines matérielles sont impressionnantes. Dans les villes de Jérusalem, Lydda, Ramleh et Hébron, de très nombreuses maisons ont été détruites, comme aussi en plusieurs villes de Transjordanie : Amman, Es-Salt, Irbird, Ajlem, Kafrinji et Madaba. Des villages entiers ont été détruits.

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A Lydda, 72% des maisons sont inhabitables et 2 000 personnes ont perdu leurs gîtes. A Reineh, sur 200 maisons, il n’en reste plus que 30. A Naplouse, 450 familles n’ont plus de demeures et 150 n’ont pas de quoi subsister.

Le gouvernement de Palestine a adressé un appel pressant à la charité du public. Un Comité composé de notables de toutes les religions a été formé sous la présidence du Lt. Col. Symes, administrateur du Gouvernement, pour recueillir des fonds et venir en aide aux malheureux sinistrés.

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