Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Les axes de l’Instrumentum Laboris

Vianney Delalande ofm
20 juillet 2010
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Après son analyse sur le document Les Grandes Lignes, (La Terre Sainte Janvier 2010) le père Vianney Delalnde nous propose de découvrir les axes et orietations retenus pour l’Instrument de travail (Instrumentum Laboris)


Pour préparer l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen Orient, qui a été annoncée par le Pape le 19 septembre 2009 et qui se tiendra du 10 au 24 octobre 2010, deux étapes se sont succédé :

Première étape : publication, le 10 janvier 2010, des « grandes lignes » (Lineamenta), c’est-à-dire d’un texte qui analyse la situation de l’Église catholique au Moyen-Orient et formule une trentaine de questions concernant les deux buts du Synode, le but de « raviver la communion ecclésiale entre les Églises particulières » et le but d’ « offrir un témoignage chrétien ». Ce texte des « grandes lignes » a fait l’objet d’un article dans le numéro de La Terre Sainte de Mars-Avril 2010, pages 26 à 29.

Deuxième étape : remise par le Pape, le 6 juin 2010, aux représentants de l’Épiscopat du Moyen Orient, lors de sa visite à Chypre, du « Document de travail » (Instrumentum Laboris) élaboré à partir des nombreuses réponses au questionnaire des lineamenta qui sont parvenues . C’est ce Document de travail qui fait l’objet du présent article.

Ce texte de juin 2010 reprend les trois parties du texte de janvier 2010.

Une première partie, de 12 pages, analyse de nouveau « la situation de l’Église catholique au Moyen Orient ». Elle précise « les défis auxquels sont confrontés les chrétiens » : les conflits politiques, les limites de la liberté de religion, la montée d’un islam politique extrémiste depuis 1970, l’émigration depuis la fin du XIXe siècle, et le phénomène nouveau d’une immigration de centaines de milliers de Philippins et autres Asiatiques et d’Africains. C’est une analyse beaucoup plus précise que les indications formulées en janvier 2010. Il s’agit de bonnes pages très suggestives.

La deuxième partie, de trois pages seulement, sur « la communion ecclésiale » constate que les relations inter-ecclésiales entre catholiques sont aidées par la Congrégation pour les Églises Orientales et par les assemblées de patriarches et d’évêques, mais sont freinées par un confessionnalisme étroit. Elle suggère divers progrès qu’il serait bon de promouvoir : « On pourrait suggérer que de temps en temps (par exemple tous les cinq ans) une assemblée rassemble l’ensemble de l’épiscopat, et du Moyen Orient » (N° 55).

« Les Ministres du Christ… devront être modèle et exemple pour les autres. Beaucoup de fidèles souhaitent de leur part une plus grande simplicité de vie, un réel détachement par rapport à l’argent » (N° 88).

« Les Associations et mouvements apostoliques de dimension internationale doivent toujours s’adapter davantage à la mentalité et au milieu de vie que leur offre la tradition de l’Église et celle du pays qui les accueille. Certains suggèrent que ces associations, comme aussi les congrégations religieuses d’origine occidentale, s’intègrent dans la tradition orientale et se nourrissent de la spiritualité de l’Orient » (N° 61).

La troisième partie, de 16 pages, sur ‘le témoignage chrétien’ met d’abord en relief l’importance de la catéchèse pour former des chrétiens qui puissent porter un témoignage mais aussi la nécessité de rénover les méthodes de catéchèse ; de même l’importance de la Liturgie qui est « un aspect fortement enraciné dans la culture orientale ». Mais diverses réponses souhaitent l’institution d’une commission d’experts pour la réforme de la Liturgie. Par ailleurs certaines réponses jugent opportun de revoir les prières dévotionnelles de la piété populaire, de façon à les enrichir avec des textes théologiques et bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament (N°74).

Cette troisième partie est surtout consacrée au témoignage chrétien qui doit être manifesté à l’égard des Églises et communautés ecclésiales non catholiques ( N°76 à 84), à l’égard des juifs (N° 85 à 94) et des musulmans (N° 95 à 110). Ce sont des pages solides. Par exemple : « un instrument essentiel de l’œcuménisme est le dialogue, qui doit se dérouler suivant une attitude positive, pour développer la compréhension réciproque, en surmontant les méfiances… Au vu des incompréhensions historiques, il est nécessaire de procéder à une purification de la mémoire, en libérant les âmes des divers préjugés, en s’acceptant les uns les autres et en travaillant ensemble pour toutes les choses communes ». « Assez nombreuses ont été, dans les réponses, les mentions des initiatives qui, bien que de caractère plutôt local et au niveau de petits groupes, révèlent le désir qu’ont les fidèles et leurs pasteurs, d’entamer le dialogue avec le judaïsme. »

« Musulmans et chrétiens doivent parcourir un chemin commun. Nous appartenons au Moyen Orient et nous nous identifions à lui. En tant que citoyens nous partageons les responsabilités pour construire et assainir. En tant que chrétien, cela constitue un véritable engagement ».

En octobre prochain les membres du synode seront appelés à formuler des décisions concrètes pour promouvoir un témoignage chrétien dans ces trois domaines (l’œcuménisme, le judaïsme et l’islam). n

Dernière mise à jour: 20/11/2023 18:53

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