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En Orient le calendrier copte donne le la des festivités de Noël

Par Alberto Elli
30 novembre 2019
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En Orient le calendrier copte donne le la des festivités de Noël
Le décalage de calendrier avec les arméniens permet à ces derniers de donner à l'Église copte orthodoxe de célébrer sur son autel principal dans le transept nord de la basilique de la Nativité.

En Égypte, ce n’est pas la date de la création de Rome qui faisait foi en termes de calendrier, mais un ancien calendrier égyptien. L’Égypte devenue chrétienne, un nouveau calendrier entra en vigueur.


Le calendrier copte, également appelé calendrier alexandrin, est utilisé par l’Église copte orthodoxe en Égypte et en Éthiopie. Ce calendrier découle de l’ancien calendrier égyptien. L’ère copte, appelée Ère des Martyrs, mais aussi Ère de Dioclétien, du nom de l’empereur qui a lancé la plus sanglante des persécutions contre les chrétiens, fixa son début, le 1er thut 1, au 29 août 284 ap. J.-C. De nos jours, l’année commence le 11 septembre (le 12 dans l’année qui suit une année bissextile).
La Nativité de Jésus est célébrée par l’Église copte le 29 du mois de khoiak (le 28 dans l’année suivant l’année bissextile), soit le 7 janvier, 9 mois et 5 jours après l’Annonciation (29 barmahat : 7 avril).
Un texte du moine Jean Cassien, qui a vécu pendant dix ans avec les moines égyptiens vers la fin du IVe siècle, affirme qu’en Égypte la célébration de la Nativité du Christ et celle de l’Épiphanie avaient lieu le même jour, le 6 janvier. Une grande partie de la documentation égyptienne, cependant, avant et après Cassien, témoigne de la distinction des deux dates dans toutes les Églises, à l’exception des arméniens restés fidèles à la date du 6 janvier.
Deux jours de fête
D’après un texte attribué à Clément d’Alexandrie (150-215), la fête du baptême du Seigneur était célébrée en Égypte, en particulier par les disciples de Basilide, maître religieux du gnosticisme chrétien primitif, depuis le IIe siècle le 11 de tobe, le 5e mois ; cette date, correspondant au 19 janvier, prévalut dans la tradition et reste toujours la fête de l’Épiphanie chez les coptes. Clément parle aussi du “jour de la naissance de notre Sauveur” qui, dit-il, aurait été selon certains, le 25 pakhon (20 mai) de l’an XXVIII du règne d’Auguste ou, pour d’autres, les 24 et 25 pharmuti (19-20 avril) ; bien qu’il ne parle pas ouvertement de la célébration de Noël, cela semble pouvoir se déduire lorsqu’il dit qu’en Égypte les disciples ont “aussi” célébré l’Épiphanie.

L’existence du jour de Noël distinct de la fête de l’Épiphanie est évidente dans deux “homélies sur Noël” en copte, conservées à Turin – l’une attribuée à Athanase, évêque d’Alexandrie (328-373), l’autre à Proclus, patriarche de Constantinople (434-446). On lit dans la première : “La naissance de notre Seigneur Jésus-Christ s’est passée ainsi : il est né le 29 du mois de khoiak, à la 7e heure de la nuit, et fut baptisé à la 10e heure de la nuit, le 11 de tobe par Jean le Baptiste”. La date du 29 khoiak (4e mois de l’année copte) trouve une preuve probable vers la fin du IIIe siècle et des preuves certaines dans la première moitié du IVe siècle.
L’archimandrite Chenouté d’Atripe (vers 348-466 environ !), contemporain et ami du patriarche alexandrin saint Cyrille (412-444), a écrit que les Pères du concile d’Ephèse (431) décidèrent de prolonger la fête de Noël (il n’y en a pas de plus solennelle) sur deux jours, les 28 et 29 khoiak, afin d’offrir aux fidèles une plus large occasion de se réjouir et aux travailleurs un temps de repos. Le Synaxaire (calendrier des fêtes – ndlr) considère de fait les 28 et 29 khoiak comme des jours de fête, même s’il reconnaît la prévalence liturgique au second jour. Dans les deux cas le rôle de Marie est absolument prédominant. L’extension de la fête à deux jours, en plus des considérations liées aux années bissextiles, est justifiée par le fait que “les Docteurs et les Pères de l’Église ont décidé d’un commun accord de célébrer Noël sur deux jours, afin que la Nativité ait lieu à la fin de la nuit du 28 khoiak et qu’elle soit manifestée le jour 29” (c’est-à-dire qu’elle soit révélée le 29 aux rois mages).

Lire aussi : Noël en Orient: le calendrier copte donne le « la » des festivités orthodoxes

Comme nous l’avons dit, dans la liturgie copte de Noël, Marie, en tant que mère du Christ, “celui qu’elle a porté dans ses entrailles”, a un rôle de premier plan, si bien que l’on peut presque dire que Noël est sa fête. Dans les deux homélies citées supra, les textes semblent déjà ordonnés pour faire une véritable apothéose de Marie, de laquelle est né le Christ. D’autre part, les coptes consacrent depuis très longtemps tout le mois de khoiak à la Mère de Dieu, mois au cours duquel se réalise le mystère de la Nativité. Durant ce mois-là l’Église copte adopte en effet une psalmodie spéciale centrée sur les thèmes de l’incarnation du Logos, le Fils de Dieu, et de la louange de la Théotokos, la Mère de Dieu.
Noël est précédé d’une longue période de jeûne de 43 jours : elle commence le 16 hatur (25 novembre) et se termine la veille de Noël. A l’origine, ce jeûne ne durait “que” 40 jours, mais vers la fin du Xe siècle, 3 autres jours furent ajoutés pour commémorer le soulèvement miraculeux de la montagne Mokattam au Caire, qui eut lieu, selon l’hagiographie copte, le 27 novembre 978, sous le patriarche copte Abraham (975-978).♦

Dernière mise à jour: 15/04/2024 12:47

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