Le projet de numérisation de Terre Sainte Magazine avance
Règle à la main, Marie-Liesse mesure consciencieusement les pages du manuscrit qui regroupe les tout premiers numéros de la revue La Terre Sainte. “Il faudra faire attention, la reliure de celui-là est fragile”, avise la jeune fille. Penchée sur un autre tome, Alice s’enthousiasme : “L’encre est en parfait état ! Tous les mots sont bien visibles, même s’il y a un peu de transparence entre les pages.” Les doigts des preneurs de notes s’agitent sur les claviers, emplissant la salle de réunion du bureau parisien de Terre Sainte Magazine de leur bruit si caractéristique.
Objectif pour les cinq étudiants de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib), venus de Lyon pour la journée : recenser l’état des archives de la revue pour proposer à sa rédactrice en chef, Marie-Armelle Beaulieu, un plan de numérisation adapté.
Quelle finalité
“L’idée, c’est de rendre possible la lecture en ligne des anciens numéros ainsi que les recherches par mots-clés grâce à la reconnaissance optique de caractères, explique celle-ci depuis son bureau de Jérusalem. Le but est de rendre pratique l’accès au patrimoine de la revue à tous les passionnés de la Terre Sainte et aux chercheurs.”
La numérisation permettra de donner une seconde vie à ces histoires, trop longtemps cachées dans des magazines dont on ne tourne plus les pages, et de nourrir les recherches sur la Terre Sainte.
Pratique, mais aussi essentiel dans un monde où les usages numériques tendent à supplanter nos chers journaux papier. D’autant plus qu’avec ses 100 ans d’existence, la revue fourmille de trésors oubliés, d’anecdotes et de reportages inédits. La numérisation permettra de donner une seconde vie à ces histoires, trop longtemps cachées dans des magazines dont on ne tourne plus les pages, et de nourrir les recherches sur la Terre Sainte.
L’ampleur de la tâche de nos cinq étudiants en première année de master missionnés par leur école dans le cadre d’un projet d’étude, paraît, à première vue, colossale. Les 100 ans d’existence de la revue prennent corps dans une quinzaine de tomes dont le nombre total de pages s’élève tout de même à… 25 000.
Pas de quoi effrayer la fine équipe. “Des employés de la Bibliothèque Nationale de France nous ont rassurés : ce n’est pas énorme comparé à d’autres collections”, sourit Maxence, le seul garçon de la bande. Et cela pose d’ailleurs un problème : “Sur le plan financier, les petites collections ne sont pas toujours avantageuses. Pour des questions d’économies d’échelle, moins il y a de pages, plus le processus est onéreux”, complète sa voisine Alice.
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Si c’est l’école qui leur a attribué arbitrairement le projet de Terre Sainte Magazine (qui avait préalablement répondu à un appel d’offres), les cinq étudiants n’en sont pas moins motivés. “On est très heureux de pouvoir aider concrètement un magazine à la valeur historique aussi forte”, glisse Éléonore derrière ses longs cheveux bouclés et ses lunettes rondes. “C’est un projet qui me parle. Je trouve important de rendre ce riche patrimoine accessible à tous”, renchérit Marion.
Interruption de 15 ans
Sur la grande table de la salle de réunion, les manuscrits s’accumulent. Maxence relève soudain la tête de son ordinateur, alarmé : “C’est normal qu’il n’y ait aucun tome entre 1940 et 1954 ?” Il est tout de suite rassuré par Marion : “L’édition de la revue s’est arrêtée pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a un trou de 15 ans”, se souvient la jeune fille en repoussant ses longs cheveux bruns en arrière.
Plus les manuscrits sont récents, plus leur numérisation se complexifie. La raison ? L’arrivée de la couleur dans la revue. “Le rouge et l’orange passent très mal au scanner, alerte Alice. Il faudra qu’on se dirige vers de la numérisation en haute définition.” Autre écueil : les photos qui s’étalent sur une double page nécessiteront un affichage spécifique lorsqu’elles seront en ligne.
Ni le travail, ni les idées ne manquent. Après cette étape de vérification, la petite bande devra, sous la houlette de Marie-Armelle Beaulieu, définir avec précision le public-cible et les besoins. La numérisation vise-t-elle seulement la conservation des archives, leur diffusion, leur valorisation ? Ou bien les trois en même temps ? De ces réponses se dessinera une stratégie plus globale. Les étudiants rendront les préconisations tirées de différents scénarios début juin. Ils ont du pain sur la planche.
MISE À JOUR
Une solution retenue
L’équipe de l’Enssib à l’issue de son étude a présenté plusieurs hypothèses. La rédaction a retenu : une numérisation avec reconnaissance de caractères, un partenariat avec la BNF et Gallica pour un accès gratuit et le lancement d’un financement participatif à hauteur de 14 000 €.
Dernière mise à jour: 10/04/2024 13:44